vendredi 21 mai 2004

439 - le pouvoir de nuisance

... au début des années 1930, le parti nazi était à son apogée. Restructuré en 1925 après le lamentable échec du putsch de l’année précédente, progressivement expurgé des derniers cadres contestant le leadership d’Hitler, le NSDAP, qui n’avait remporté que 2.6% des suffrages aux élections de 1928, avait multiplié son score par 7 (18.3%) aux élections de 1930, et l’avait encore doublé (37.3%) à celles de juillet 1932.

Paradoxalement, lorsqu’il se présenta en personne à la présidentielle de mars-avril 1932, Adolf Hitler fut largement battu par le vieux maréchal Hindenbourg (37% contre 53%). Et aux élections législatives de novembre 1932, le NSDAP, bien que demeurant premier parti politique d’Allemagne, recula pour la première fois, à 33% des suffrages.

A l’évidence, les nazis avaient désormais "fait le plein" d’électeurs, et la perspective de prendre le Pouvoir par le biais d’élections régulières risquait, pour Hitler et ses partisans, de ne rester qu’un rêve impossible.

Mais s’il ne pouvait plus guère espérer prendre le Pouvoir seul, le NSDAP conservait une importance capacité de nuisance, empêchant par sa seule présence la constitution d’un ouvernement stable.

En août 1932, Hindenbourg avait proposé la Vice Chancellerie à Adolf Hitler, qui l'avait refusée et exigé la direction du gouvernement, ce qu’Hindebourg avait à son tour refusé. En septembre, le Chancelier Von Papen avait dissout le Reichstag, pensant ainsi, à la faveur de
nouvelles élections, se débarrasser du NSDAP,... qui était pourtant resté premier parti d’Allemagne. Devant cet échec, ce fut au tour de Von Papen de présenter sa démission, le 17 novembre suivant (!)

Deux jours plus tard, plusieurs industriels, menés par Hjalmar Schacht (futur Président de la Reichsbank), avaient supplié Hindenbourg de nommer Hitler au poste de Chancelier, mais Hindenbourg avait à nouveau refusé d’en entendre parler, et nommé le général Von Schleicher à la place

L’impasse politique était donc totale, et l’interminable succession d’élections depuis 1928 n’avait certes pas redoré le blason de la Démocratie chez les électeurs allemands, déjà pris à la gorge par la Crise économique mondiale, et aspirant plus que jamais à un changement radical de régime...

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