mercredi 12 mai 2004

430 - la fierté d'être allemand

... En 1938, il n'y avait certes pas beaucoup d'Allemands pour contester le génie du Führer, ni le droit inaliénable de l'Allemagne à diriger l'Europe.

L'Allemagne avait récupéré la Sarre, puis la Rhénanie. Elle avait permis à Franco de s'emparer de l'Espagne. Elle avait annexé l'Autriche et envahi la Tchécoslovaquie sans que les pacifistes européens ne s'en émeuvent et sans que les gouvernements français et britanniques n'interviennent, trop occupés qu'ils étaient à rechercher "La Paix pour notre génération"

Construites par Ferdinand Porsche, qui consacrerait bientôt ses talents à dessiner des tanks, les Mercedes et Auto-Union triomphaient sur tous les circuits d'Europe et sillonnaient les "autoroutes" - c'était nouveau - qu'Hitler faisait construire à travers le Reich de Mille Ans.

Au cinéma, les Européens contemplaient, fascinés, les grands-messes de Nuremberg, fabuleusement mises en scène par Leni Riefenstahl, laquelle venait de révolutionner - pour ne pas dire d'inventer - le documentaire sportif avec son célèbre film "Les Dieux du Stade" tourné en 1936, lors des Jeux Olympiques de Berlin.

En 1938, donc, et pour autant que l'on ne fut ni Juif ni communiste, on pouvait de nouveau se sentir fier d'être allemand, fier de faire trembler l'Europe, et se convaincre que, finalement, on appartenait peut-être à la "race supérieure" appelée à la dominer.

Dans son roman "En Crabe", écrit longtemps après la guerre, l'écrivain Gunther Grass résume bien ce que fut cette époque pour les simples citoyens allemands :

[Lors du lancement du paquebot Wilhelm Gustloff, le 5 mai 1937] "tout Hambourg était là (...) Le train spécial d'Hitler entra à dix heures du matin en gare de Dammtor. Puis le trajet fut poursuivi en Mercedes décapotable, le bras saluant, tantôt tendu, tantôt replié, à travers les rues de Hambourg, au milieu des cris d'allégresse, cela va de soi (...) Les ouvriers des chantiers se bousculaient au pied de la tribune tandis qu'il en montait les marches. Lors des dernières élections libres, à peine quatre ans auparavant, la plupart d'entre eux avaient voté socialiste ou communiste. Il n'y avait plus maintenant qu'un seul et unique parti; et en chair et en os, il y avait le Führer"

Un Führer qui pouvait apprécier le chemin parcouru depuis le lamentable échec du putsch de novembre 1923, suivi de son incarcération à la prison de Landsberg...

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