samedi 10 avril 2004

398 - trop haut et trop vite

... en ce printemps de 1945, l'aviation américaine est maîtresse des airs. Et si le Japon continue de construire davantage d'avions de combat qu'au début du conflit, la pénurie d'essence est devenue si dramatique que le Haut Commandement nippon a interdit toutes les tentatives - au
demeurant souvent vaines - pour intercepter les appareils américains volant isolément ou en petits groupes ce qui, dans quelques mois, permettra au B29 "Enola Gay" de survoler puis de bombarder Hiroshima sans être aucunement inquiété.

Car le B29, nouveau fleuron de l'aviation américaine et premier bombardier de l'ère moderne, vole trop haut et trop vite pour les chasseurs japonais, qui s'époumonent à l'intercepter, gaspillant ainsi de précieux litres d'essence. Et quand ils parviennent, presque par miracle, à intercepter les gros quadrimoteurs américains, le redoutable armement défensif et télécommandé de ces derniers leur laisse peu de chances de survie.

De toute manière, l'armement des chasseurs japonais est généralement trop faible pour infliger rapidement des dommages décisifs à leurs adversaires. De guerre lasse, nombre de pilotes japonais préfèrent carrément, à l'image de leurs collègues kamikazes, jeter leur avion sur les bombardiers américains, tactique finalement la plus efficace de toutes.

Le 20 janvier 1945, Curtis E Le May a été nommé à la tête du 21ème Bomber Command. Réalisant que les villes japonaises sont majoritairement construites en bois, il a rapidement instauré la politique du bombardement incendiaire.

Dans la nuit du 09 au 10 mai 1945, alors que l'Allemagne vient de capituler, il lance 300 B29 sur Tokyo, rasant 40 km2 d'habitations pour la perte de 14 appareils... dont 13 à l'atterrissage (!) Les cinq raids suivants, menés contre Tokyo, Yamata, Nagoya, Osaka et Kobe, pulvérisent 75 km2 des principaux centres industriels du pays, au prix de pertes finalement minimes.

Car le Japon, à la différence de l'Allemagne, n'a pas pris la peine de délocaliser ses usines d'armement, ni même de mettre sur pieds une stratégie de défense anti-aérienne. Bien avant la guerre, les usines ont au contraire été aménagées dans des zones fortement urbanisées. Les grands centres industriels, connus des Américains, constituent donc de véritables invitations au bombardement...

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