samedi 29 novembre 2003

265 - le légalisme allemand

... pour comprendre l'échec de la Werwolf à susciter des actions de résistance dans les régions conquises par les armées alliées, on peut évidemment invoquer l'état d'épuisement de la population allemande, en guerre depuis 1939 (voire même 1936). Une population qui avait vu ses villes rasées et des millions de ses fils, frères, époux ou fiancés partir vers le Front pour ne jamais en revenir, et qui, en ce printemps de 1945, en était réduite, pour ne pas mourir de faim, à ramasser des faines dans les bois, et à découper en pleine rue les carcasses de tous les animaux abattus, en ce et y compris celles des pensionnaires du zoo de Berlin.

Mais au delà de cet épuisement, bien réel, il y avait d'abord, et avant tout, le légalisme quasi pathologique du peuple allemand, qui ne concevait pas davantage de se rebeller contre les nouvelles autorités d'Occupation qu'il ne s'était rebellé, de 1933 à 1945, contre les autorités nazies

"Nous autres Allemands, écrivit une communiste berlinoise, ne sommes pas une nation de partisans. Nous attendons les ordres de la hiérarchie".

Se rappelant la visite qu'elle avait effectuée en URSS avant l'arrivée au Pouvoir d'Hitler, en 1933, elle ajouta que les Russes qu'elle avait rencontrés à cette occasion ne manquaient jamais de railler le piètre esprit révolutionnaire des Allemands, affirmant notamment que "Les camarades allemands n'attaqueraient une gare qu'après avoir tous pris des billets de quai".

Cette considérable différence culturelle, cette obsession allemande pour la légalité, peut également expliquer, du moins en partie, la facilité avec laquelle fut mise en place la "Solution finale au problème juif", mais aussi le peu de résistance qu'opposèrent finalement à Hitler non seulement les communistes et anti-fascistes allemands, mais aussi la société civile dans son ensemble, et la quasi-totalité de la hiérarchie militaire qui, jusqu'au bout de l'absurde, restèrent fidèles à leur Führer...

Aucun commentaire: