... pour expliquer les proportions bibliques de l'exode qui, à partir de la mi-janvier 1945, vit quatorze millions de germanophones abandonner tout derrière eux pour s'enfuir à toute jambe vers l'Ouest, il y avait, bien sûr, la réputation de brutalité qui précédait alors l'armée rouge. Une réputation savamment orchestrée par la propagande nazie pour inciter la population allemande à résister jusqu'à la mort, attendu que la mort ne pouvait être pire que le sort qui attendait les éventuels survivants.
Les services du bon docteur Goebbels avaient ainsi fait grand cas du massacre de Nemmersdorf, à l'automne précédent, lorsque les soldats de Tcherniakovsky avait lancé une attaque en Prusse orientale, avant d'être repoussés par les troupes allemandes. Soixante-deux femmes et jeunes-filles avaient été violées puis massacrées par les soldats russes, et le souvenir, ainsi que les images de ce massacre, hantaient visiblement la population allemande, qui s'attendait à subir le même sort.
Du reste, en quatre années de guerre à l'Est, cette population avait vu ses fils, ses époux, ses fiancés, ses voisins, partir pour Leningrad, Moscou ou Stalingrad, et s'y comporter de manière finalement fort semblable à l'égard de la population russe.
Sachant ce qu'ils avaient fait subir aux Russes, les Allemands avaient donc toutes les raisons de craindre à présent leur vengeance...
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