... si l'industrie allemande fabriqua 40 000 avions de combat en 1944, son seul et unique client - la Luftwaffe - n'en alignait guère que 4 000 au 1er janvier 1945.
Tout au long de l'année 1944, les pertes naturelles (par accidents, bombardements ou combats aériens) en avaient certes fait disparaître une bonne vingtaine de milliers, mais il restait, au bas mot, un écart de 15 000 appareils entre les chiffres officiels de production et ceux dont disposaient réellement les unités.
Cette "disparition" avait en fait plusieurs causes.
Quand ils n'étaient pas scandaleusement gonflés pour des raisons de propagande (ou tout simplement pour éviter aux responsables des usines de se retrouver mutés beaucoup plus à l'Est), les chiffres officiels passaient pudiquement sous silence la qualité souvent exécrable des avions produits, que la dispersion des sites de production n'avait fait qu'aggraver.
Nombre d'avions flambant neufs eux étaient tout simplement impropres au combat, s'émiettaient en plein vol, ou se brisaient carrément au roulage (!)
De plus, il arrivait fréquemment que des avions endommagés en unités soient renvoyés en usine pour réparations,... et en ressortent comptés comme avions "neufs".
Mais le plus grave était sans doute la dispersion des sites de production, rendue nécessaire par l'intensification des bombardements alliés qui, nuit et jour, pilonnaient les grandes villes allemandes et les sites industriels traditionnels.
S'il était facile - bien qu'extrêmement coûteux - de délocaliser les ateliers dans des tunnels ferroviaires, des mines de sel, voire même au beau milieu des forêts (!), coordonner l'activité de ces centaines de sites différents était une toute autre affaire.
Acheminer les avions partiellement démontés jusqu'au front relevait enfin de la mission impossible dans un pays où la plus petite route, la moindre voie de chemin de fer, était régulièrement survolée, et bombardée, par l'aviation alliée.
De fait, à la capitulation de l'Allemagne, Britanniques, Américains, Russes, découvrirent, camouflés dans les bois, dissimulés dans des granges, rangés dans des caisses, abandonnés sur des voies de garage, les centaines d'avions allemands absolument neufs qui avaient cruellement manqué aux unités de première ligne.
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