mardi 6 mai 2003

64 - le Traité de Washington















... le Traité de Washington (1922), qui instaura les "Vacances du Cuirassé" fut le premier exemple de traité de désarmement véritablement multilatéral,... mais aussi le premier exemple de traité de désarmement où tout le monde, dès le départ, s'évertua à tricher.

Soucieux d'empêcher une nouvelle - et ruineuse - course aux armements navals, le gouvernement américain parvint, le 6 février 1922, à limiter le nombre de cuirassés que pourrait détenir chaque vainqueur de la Première Guerre mondiale. L'Angleterre - alors première puissance navale au monde - en aurait 18, de même que les États-Unis. Les Japonais, les Français et les Italiens, 10 chacun.

Mais s'il était facile de déterminer quels cuirassés anciens s'en iraient à la ferraille parce que devenus surnuméraires, ou de contrôler le nombre de cuirassés détenus par chaque nation, il s'avéra en revanche infiniment plus difficile de fixer les caractéristiques techniques que devraient obligatoirement posséder les nouveaux cuirassés à mettre en chantier et qui, progressivement, remplaceraient les anciens

Après de fort longs palabres, les nations signataires s'entendirent finalement pour limiter le poids à 35 000 tonnes, et l'artillerie au calibre maximal de 406mm

Et c'est alors que les ennuis commencèrent.

Depuis le milieu du 19ème siècle, le déplacement des navires de guerre (également appelé "liste navale") comprenait le poids du bâtiment construit, sans équipage, mais avec ses munitions, son combustible et son eau d'approvisionnement.

A Washington, les Anglais s'accrochèrent à la définition du "poids", et insistèrent pour en obtenir une nouvelle, qui ne comprendrait ni le combustible ni l'eau d'approvisionnement. Officiellement, ils arguaient que leurs bâtiments, ayant à effectuer d'immenses trajets d'un bout à l'autre de leur vaste Empire, devaient emporter davantage d'eau douce et de mazout que leurs rivaux étrangers, ce qui, à poids égal, les obligerait à se contenter d'un blindage plus mince que ceux-ci.

En réalité, les ingénieurs britanniques avaient imaginé de doter leurs nouveaux cuirassés d'une "protection liquide"... sous la forme de compartiments-sandwichs remplis d'eau ou de mazout.

Lancés en 1927, et accusant officiellement 35 000 tonnes, les Nelson et Rodney incorporaient ces compartiments qui, par rapport à leurs homologues du Traité, augmentaient leur poids et leur blindage d'environ 2 000 tonnes.

Les autres nations signataires n'y virent que du feu - ou plutôt que de l'eau - pendant 40 ans...

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