Le croiseur auxiliaire Jervis Bay, principale victime de l'Admiral Scheer... |
Reste que ce renoncement à toute idée de débarquer en Angleterre ramène inévitablement un vieux débat sur le devant de la scène...
... que faire à présent des grands bâtiments de la Kriegsmarine, à nouveau privés de véritable utilité militaire ?
Comme en 1939, le choix se limite en fait à deux options : les laisser rouiller au port… ou les relancer dans l’Atlantique, pour agir comme corsaires contre le trafic commercial britannique.
L’exemple du Graf Spee, détruit devant Montevideo l’automne précédent, a certes de quoi inquiéter, mais la chute de la France prive tout de même l’Angleterre d’un allié précieux,… et offre à l’Allemagne de nouvelles perspectives, comme un accès désormais direct à l’Atlantique - qui lui a toujours cruellement manqué lors de la guerre précédente, la possibilité d’abriter ses navires de guerre dans des ports français, ou encore, et bientôt, celle d’y implanter de gigantesques bases sous-marines.
Et de fait, la sortie de l’Admiral Scheer, parti d’Allemagne le 23 octobre 1940, va cette fois s’avérer fructueuse, puisqu’à son retour sain et sauf à Kiel, le 01 avril 1941, après cinq mois de campagne, le cuirassé de poche allemand sera parvenu à couler 17 navires alliés, dont le croiseur auxiliaire Jervis Bay (1), pour un total d’environ 110 000 tonnes.
Peut-être plus fort encore, il aura également réussi, durant ces cinq mois, à parcourir quelque 85 000 km (!) et à s’aventurer jusque dans l’Océan Indien (!), tout en échappant à tous les navires britanniques lancés à sa recherche !
Ragaillardi par l’annonce des premiers succès du Scheer, l'amiral Raeder a en tout cas logiquement décidé de poursuivre dans la même voie, en autorisant la sortie du croiseur lourd Admiral Hipper qui, parti le 30 novembre pour l’Atlantique ralliera lui aussi Allemagne sain et sauf en février de l’année suivante, et en ayant pour sa part réussi à couler une douzaine de cargos alliés…
(1) le Jervis Bay était un ancien paquebot de la White Star, réquisitionné au début de la guerre, et équipé de sept vieux canons de 152mm
1 commentaire:
Bonjour! Bravo pour ce blog, Concernant le "croiseur auxiliaire" Jervis Bay, il faut préciser que son capitaine choisit d'affronter délibérément le cuirassé de poche alors même qu'il était en état d'infériorité criante (des vieux canons de 152 datant d'avant 1900, contre des canons de 280 mm modernes, pas de blindage, et des télémètres peu précis) . Le Jervis bay permit la dispersion du convoi HX 84 et finalement, sur 33 cargos , les allemands ne purent en couler que cinq. Le capitaine du Jervis bay (qui se vit attribuer la Victoria Cross à titre posthume...ce qui est le cas le plus fréquent pour cette décoration) périt avec 80% de ses marins, après avoir retardé le navire allemand pendant plusieurs heures.
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