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| Le Martin B-10 : un (modeste) "croiseur aérien" des années 30... ou des aventures de Flash Gordon |
... pour Trenchard, pour Douhet, pour Mitchell, pour les principaux théoriciens des années 1920, le bombardement stratégique des villes ennemies ne pourrait qu'arrêter la production de guerre, et aussi pousser les civils à exiger, et obtenir, une paix rapide.
Après quatre années de quasi-immobilisme dans la boue des tranchées, et des millions de morts, l’avion, ce symbole-par-excellence du Progrès, promettait sinon de mettre un terme définitif à tous les conflits, du moins de les rendre infiniment plus brefs, et donc, et au bout du compte, moins meurtriers.
Très vite, romanciers puis cinéastes avaient popularisé cette doctrine du "tout aérien", et cette vision de "grands croiseurs" sillonnant les cieux en toute impunité, et faisant pleuvoir quantités de projectiles explosifs, incendiaires et - pire encore - au gaz sur les populations civiles incapables de se défendre.
En 1935, les quelques récits apocalyptiques en provenance d’Éthiopie sur les effets des bombes au gaz larguées par la Regia Aeronautica italienne sur les guerriers à demi-nus de l'empereur Haïlé Sélassié avaient vite transformé le tout en psychose, encore aggravée en avril 1937 par la destruction totale, à la bombe incendiaire, de la petite ville espagnole de Guernica par une aviation allemande ressuscitée.
Et cette psychose était loin de se limiter à l’Europe puisqu’en mai 1939, l’Aviation impériale japonaise avait inauguré, sur la malheureuse ville de Chongqing, une série de bombardements de Terreur, qui allaient se poursuivre jusqu’à la fin de 1944 (1)
Pourtant, au déclenchement de la 2ème G.M., à peine trois mois plus tard, les forces aériennes de chaque belligérant étaient encore loin, très loin, du but...
(1) près de 300 raids aériens, impliquant de quelques dizaines à plus de 150 bombardiers par raid, seront lancés sur Chongqing jusqu’en décembre 1944, faisant plus de 30 000 morts et blessés parmi la population civile
1 commentaire:
Bonjour!
Compliments pour le blog. La meilleure illustration de la mise en condition de l'opinion publique au sujet des bombardements et peut-être dans la littérature de Science fiction britannique(sur le versant dystopique et pessimiste, avec des auteurs comme HG Wells ou Aldous Huxley) et son adaptation au cinéma (Le cinéma britannique n'avait pas du tout la même force de frappe qu'Hollywood, ni même que le cinéma français -foisonnant mais artisanal- ou que les industries cinématographiques allemandes et italiennes, spécialement voulues par les dictateurs respectifs de ces deux pays pour conditionner les masses).
Il y a principalement le film "Things to Come" (les mondes futurs en VF) dû au tandem HG Wells et William Cameron Menzies, c'est une superproduction...à l'anglaise qui décrit la seconde guerre mondiale et ses suites (destruction de Londres -appelée Everytown histoire de bien faire comprendre que tout le monde pouvait recevoir un déluge de bombes sur le coin de la figure) - période de barbarie, avec le règne d'un dictateur mi-Mussolini-mi homme des cavernes- cette partie frôlant parfois le ridicule, puis retour à la civilisation -avec l'intervention d'un "deus ex machina" descendu d'un avion futuriste venu d'un ilot de civilisation préservé à...Bagdad! , reconstruction de la ville dans un style Art Déco Flamboyant (Le peintre futuriste Hongrois Moholy-Nagy avait participé mais finalement la production a pilonné son travail en quasi totalité, trop avant gardiste pour les anglais moyens) , puis retour des tensions et possibilité d'une nouvelle guerre mondiale avec des moyens techniques accrus, vers 2036...On y est...ou presque? ...ou pas...?
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