lundi 26 août 2024

8024 - l'asile d'aliénés

Canon automoteur soviétique, en janvier 1945 : la victoire est proche...
... Adlerhorst, 9 janvier 1945

Car le 09 janvier, à l’Adlerhorst, l’oiseau de mauvais augure Heinz Guderian est revenu à la charge au moment-même où Hitler, de son côté, vient tout juste d’ordonner que des unités blindées actuellement stationnées sur la Vistule soient immédiatement expédiées en Hongrie afin d'y soutenir une (très) hypothétique contre-offensive sur Budapest, encerclée (1) depuis Noël !

Folie que tout cela, estime Guderian tant l’Armée rouge est plus puissante que jamais : sur un Front s'étendant de la Baltique à l'Adriatique, celle-ci a même rassemblé près de 7 millions de soldats, soit... deux fois plus que l'armée allemande n'en avait elle-même aligné quatre ans auparavant pour envahir l’URSS, et... dix fois plus que ce dont elle dispose aujourd’hui à l’Est !

Mais lorsqu’il tente d’expliquer cette réalité à Hitler, et qu’il lui explique que, selon les dernières reconnaissances aériennes en sa possession, les Soviétiques ont également massé près de 8 000 (!) avions de combat sur la Vistule et en Prusse orientale, il est aussitôt interrompu par Hermann Goering, qui peine à se remettre des pertes que sa Luftwaffe vient encore de subir lors de Bodenplatte.

Goering - rappelons-nous - ne s’est jamais distingué par son réalisme, mais depuis la Bataille d’Angleterre, ses échecs répétés l’ont enfoncé chaque jour un peu plus dans un univers parallèle qui ne le cède qu’à celui du Führer lui-même !

"Ne croyez pas cela, Mein Führer", s’exclame aussitôt le Maréchal du Reich, "Ce ne sont pas de vrais avions. Ce sont simplement des leurres !"


Et pour Hitler, qui a moins que jamais l’envie d’entendre le moindre propos défaitiste, l’occasion est trop belle de surenchérir et de déclarer dans la foulée que les estimations des services de renseignement de Guderian sont "complètement aberrantes" et que l'homme qui les a rédigées "devrait immédiatement être enfermé dans un asile d'aliénés....

(1) débuté le 26 décembre 1944, le siège de Budapest par l’Armée rouge et l’armée roumaine désormais ralliée à celle-ci se terminera par la capitulation de la ville - bien évidemment suivie de l’habituel cortège de pillages et de viols de masse - le 13 février 1945.

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