Harris, dans son bureau. Quelle ville vais-je détruire aujourd'hui ? |
"Chaque goutte d’essence gaspillée est une goutte de sang versée en trop", a-t-on coutume de dire au sein de la Wehrmacht et de la Luftwaffe.
S’ils le voulaient, les Britanniques pourraient se joindre aux Américains et accélérer le processus, mais Harris - toujours lui - s’y oppose tout comme il s’oppose, par tous les artifices possibles, à toutes les demandes en ce sens émanant de Portal et même de Churchill (!) qui, de leur côté, refusent - et refuseront jusqu’à la fin - de limoger ce soldat dont la popularité est au moins aussi grande que celle de Montgomery, et que toute la Grande-Bretagne considère comme un héros et, depuis longtemps, n’appelle plus que "Bomber Harris", "Harris-la-Bombe".
De temps à autres, comme pour lâcher du lest, l'intéressé donne néanmoins satisfaction à ses chefs et envoie ses bombardiers pilonner l’industrie pétrolière allemande, mais les villes allemandes n’en demeurent pas moins, et de très loin, sa principale priorité.
"Au cours du mois de novembre, Harris déversa 60% de ses bombes sur les villes, 24% sur l’industrie pétrolière, et 9% sur les voies de communication. Dans le même temps, les raids américains démontrèrent clairement que rien de tout cela n’était inévitable. Les chiffres pour la 8ème Air Force étaient quant à eux de 41% pour l’industrie pétrolière, de 33% pour les gares de triage, et le reste essentiellement consacré au soutien des troupes au sol.
(...) Les villes n’étaient pas détruites parce que "les conditions météorologiques rendaient les autres cibles impraticables", mais bien parce que Harris désobéissait aux ordres" (1)
(1) ibid, page 291
1 commentaire:
Bonjour! bravo pour ce blog, Bomber Harris était un personnage plus qu'intransigeant , têtu au delà de l'imaginable, sans le moindre état d'âme et même s'il fut un héros aux yeux des londoniens (rendre au centuple les ravages du Blitz de Londres) l'inauguration de sa statue à Londres , près d'une église tout spécialement dédiée aux aviateurs de la RAF a fait polémique outre Manche (et bien entendue a été barbouillée de peinture rouge...sang par des militants pacifistes). Ceci dit, si on essaie de se faire l'avocat du diable il y a une certaine logique (une logique de la faiblesse cachée derrière la force apparente) dans les choix de Bomber Harris.
Le Lancaster , principal bombardier britannique est avant tout un camion à bombes (énorme soute à munitions) très puissant (les moteurs Rolls Royce) mais par ailleurs obsolescent (pas dégivreurs, par exemple) et surtout assez faiblement armé (8 pétoires de 7,7 mm contre 11, puis 13 mitrailleuses de 12,7mm sur le Boeing B17 américain)
Du coup le bombardement de nuit s'impose (avec l'emploi du radar H2S qui permet une navigation plus ou moins précise mais certainement pas un pointage du bombardement du niveau des "smart bombs " modernes et a en plus le défaut d'être détectable par des détecteurs de radar allemands...et RV Jones aura le plus grand mal à convaincre les navigateurs et pilotes de la RAF de ne l'allumer que le plus tard possible)
Somme toute les Lancasters sont assez mal équipés pour cibler des usines (plus petites que des villes) d'autant plus que les allemands camouflent les usines de la Ruhr, et construisent même des usines leurres à proximité immédiate...du coup , vu les qualités et les défauts de l'outil , le tapis de bombes sur les villes s'impose par défaut (si on fait exception des missions pointues menées par des unités d'élite (les très médiatisés casseurs de barrages , les bombardements avec les méga bombes Tallboy et Grand Slam sur le Tirpitz et les blockhaus à fusées du pas de Calais
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