mercredi 31 juillet 2024

7998 - il y a "avion" et "avion"

Le Me-163 : plus dangereux pour son pilote que pour ses éventuels adversaires...
... de plus, nul ne peut évidemment dire combien d'avions supplémentaires l'industrie allemande aurait pu produire... si elle avait été en mesure de continuer à les fabriquer dans ses usines habituelles, plutôt que dans des grottes ou des souterrains sommairement aménagés !

Mais pour les historiens-comptables, puisque la production d’avions, et plus généralement de matériel de guerre, a continué à croître quasiment jusqu'à la fin du conflit, les bombardements massifs opérés sur les grandes villes et centres industriels du Reich n'ont à l’évidence servi à rien,... si ce n'est bien sûr à provoquer la mort d'innombrables civils innocents.

En pensant de la sorte, on passe cependant à côté de l'essentiel, car on élude une question finalement toute simple : qu'est-ce qu'un "avion" ?

A priori, pourtant, quoi de plus logique que de soutenir que les "avions" de 1944 étaient, aux désignations et performances près,... exactement les mêmes que ceux de 1941 ou même de 1939 ?

Au début du conflit, toutefois, l'Allemagne nazie construisait une multitude de types et de modèles d'avions différents, allant du petit monomoteur de chasse Messerschmitt 109 aux gros avions de transport tri et quadrimoteur Junker 52 ou Focke-Wulf 200, en passant par une kyrielle de bimoteurs de reconnaissance, de transport ou de bombardement, comme le Heinkel 111.

Engagée dans une guerre de conquête, il lui fallait naturellement davantage de bombardiers (armes offensives) et d'avions de transport (armes de soutien) que de chasseurs (armes défensives), et la part de ces derniers représentait alors moins du tiers des appareils construits.

En 1944, en revanche, murée dans une guerre strictement défensive, cette même Allemagne ne produisait pour ainsi dire plus que quelques types et modèles (10 en 1944, 8 en 1945) de petits chasseurs-bombardiers, mono ou bimoteur.

Or, il est bien évident - mais cependant parfaitement ignoré par les historiens-comptables - qu'il faut infiniment plus de temps pour construire un gros bombardier qu'un petit chasseur : les bombardiers quadrimoteurs comme les Lancaster, B-17, ou B-24, que les Anglais produisirent à plus de 16 000 exemplaires, et les Américains, à plus de 30 000, nécessitaient en effet 5 à 6 fois plus d'heures de travail que les chasseurs monomoteur (1)

En matière de construction aéronautique, comme dans bien d'autres domaines, il n'y a donc pas eu de "miracle allemand", mais bien une concentration sur un nombre de plus réduit de modèles de plus en plus faciles à construire, mais aussi, à l'instar du Heinkel 162 ou du Messerschmitt 163, de plus en  plus dangereux... pour leurs propres utilisateurs !

(1) chez Boeing, la production d'un seul B-29 allait pour sa réclamer cinq à six fois plus d'heures de travail que celle d’un B-17 !

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