jeudi 11 juillet 2024

7978 - ... mais plusieurs explications

L'Experten Gunther Rall, en novembre 1943, après sa 250ème victoire... officielle
... a contrario, chez les Alliés, et particulièrement chez les Américains, entrés le plus tard dans cette guerre, cinq ou dix pilotes de chasse se retrouvaient souvent confrontés à un seul et même avion allemand, qu’ils devaient dès lors se partager.

Nombre de pilotes alliés n’eurent même jamais eu l'occasion d'apercevoir ne serait-ce qu’un seul avion allemand dans le ciel,... et donc d’obtenir une seule victoire en combat aérien !

Enfin, la procédure d'homologation allemande favorisait elle-même bien davantage les revendications des pilotes : contrairement aux appareils des Alliés occidentaux, les avions allemands étaient en effet généralement dépourvus de cinémitrailleuses.

Si leurs victimes s'abattaient en mer, ou du mauvais côté du Front, on n’avait trop souvent d’autre choix que de se contenter des revendications des pilotes qui, au sein de la Luftwaffe comme partout ailleurs, avaient pour leur part toujours tendance à enjoliver leurs résultats, ce dont leur Propagande respective s’accommodait fort bien,... mais sans doute pas autant que celle du Docteur Goebbels.

Car dans ce conflit de plus en plus technologique et impersonnel, et à l’heure où les cités allemandes étaient occupées à disparaître les unes après les autres sous les bombes, il était plus que nécessaire, pour forcer l'émulation entre les pilotes, mais aussi et surtout pour galvaniser les ouvriers des usines et les civils des villes bombardées, de mettre en avant des héros allemands "positifs", parés de l’aura et de toutes les vertus des célèbres Chevaliers teutoniques d’autrefois, et présentés comme de quasi-surhommes.

C’est ainsi que les 352 victoires d'Erich Hartmann, par ailleurs presque toutes obtenues sur le Front de l’Est, furent d'abord et avant tout celles qu'il se reconnaissait lui-même,... et que personne ne songeait à mettre publiquement en doute...

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonjour et compliments pour le blog.
Les conditions d'homologation des victoires étaient assez strictes chez les anglais (cinémitrailleuses ) et chez les soviétiques (confirmation obligatoire par des soldats au sol) et plus laxistes chez les américains (voir la controverse au sujet de l'élimination de l'Amiral Yamamoto entre le pilote américain Lamphier -plus tard devenu journaliste- et son ailier) ou chez les allemands .

Mais il y a encore une autre explication, qui concerne le front russe (tirée du livre de Courrière qui a interviewé les survivants de l'escadrille Normandie Niemen): Sur le front russe les chasseurs allemands fonctionnaient souvent en binôme : Un expert + un relatif novice. L'expert jouait la chèvre au piquet et se laissait volontairement embarquer dans un duel tournoyant (dogfight), sur quoi son équipier moins expérimenté, resté en altitude, portait l'estocade au chasseur russe (devenu chassé sans s'en douter) . Dans ce genre de scénario la Luftwaffe créditait l'expert (qui avait pris le gros des risques) et pas le novice (qui pourtant avait assuré le "kill").

Il existe aussi une interview de Clostermann (indiscutablement un pilote de chasse de haut niveau) qui décrit les experten comme des "grands fauves" auxquels il jugeait préférable de ne pas offrir le combat si son expérience et son instinct lui faisaient subodorer qu'il avait affaire à un de ces pilotes allemands ( qui n'avaient pas de limite dans leur nombre de missions contrairement aux pilotes alliés , versés comme instructeurs après un nombre de missions bien défini)


Anonyme a dit...

Les critères d’homologation dans la Luftwaffe.

Les critères d’homologation de la Luftwaffe n’étaient pas d’une grande largesse, il y avait des règles précises et assez rigides. Mais, dans la pratique, elles ne furent pas suivies, surtout pour des raisons d’aveuglement et de propagande. Il y a eu aussi certains critères spécifiques à la Luftwaffe qui ont créé de la confusion et participé à l’exagération des bilans personnels.

Exemples :
* les victoires partielles ou partagées n’existaient pas ; c’était 1 victoire = 1 pilote. Si plusieurs pilotes contribuaient à abattre un appareil, c’était le plus souvent le leader de la formation qui était crédité, même s’il n’y était pour rien.
* si chez les alliés 1 victoire = 1 victoire, dans la Luftwaffe, en parallèle au nombre de victoires existait un système de points gagnés et destinés à l’attribution des décorations. Le nombre de points gagnés par victoire variait de 1 pour un monomoteur à 2 pour un bimoteur et 3 (non, pas 4) pour un quadrimoteur. Dans certains cas, on a additionné les points et les victoires avec pour résultat des scores fictifs.
* la Luftwaffe ne reconnaissait pas la notion de « victoire probable ». Dans la pratique, tout ce qui pouvait représenter une victoire probable était homologué. Ce fut un torrent d’exagérations.
* à partir de 1944, beaucoup d’appareils « endommagés » ont été comptés comme victoire – ainsi on pouvait avoir 2 pilotes crédités chacun d’une victoire pour un seul appareil endommagé, même ayant réussi à s’échapper – en contradiction avec la règle 1 victoire = 1 pilote. Encore des exagérations.
* dans la RAF, les appareils détruits au sol n’étaient pas comptabilisés comme victoire aérienne, dans la Luftwaffe oui.