samedi 13 avril 2024

7889 - ""les Américains étaient venus, personne ne pouvait plus nier leur existence"

Un radar Mammut, bien moins sensible au brouillage que ses prédécesseurs
... mais avant d’aller plus loin et dans ce "grand coup" que Eaker, comme du reste Harris avant lui, espère également "décisif", il importe d’effectuer un petit détour dans le camp allemand, où chacun est encore sous le choc de l’Opération Gomorrhe, lancée par les Britanniques contre Hambourg moins d’un mois auparavant.

Après la catastrophe de Hambourg, qui faisait elle-même suite à une série d’autres catastrophes tout au long de la "Vallée heureuse" - celle de la Rühr - Hitler, comme nous l'avons vu, a progressivement dû céder du terrain et consentir aux défenseurs du Reich des canons anti-aériens et des chasseurs prélevés sur d’autres Fronts, et en particulier sur le Front de l’Est.

Dans le même temps, les hauts responsables de la Luftwaffe se sont acharnés à élaborer de meilleures tactiques défensives tandis que, chez GEMA ou Telefunken, chercheurs et techniciens s’affairaient pour leur part à concevoir de nouveaux radars, comme le Mammut, moins sensibles au brouillage.

A la longue, et s’il n’avait fallu parer que la menace britannique, tous ces efforts auraient peut-être fini par porter fruits, mais la menace américaine, de plus en plus précise, est malheureusement occupée à changer la donne, car comment espérer se défendre et l’emporter contre des adversaires à présent en mesure de bombarder quasiment 24 heures sur 24, et apparemment tout aussi capables de remplacer appareils et équipages plus rapidement qu’on ne parvient à les détruire ?

Comme l’écrira le général Galland, "les Américains étaient venus, personne ne pouvait plus nier leur existence. Pourtant, notre haut-commandement refusait de prendre cet avertissement au sérieux. On restait persuadé, en haut-lieu, que les quadrimoteurs n’arriveraient jamais à s’affirmer en plein jour. Même des forces de chasse très inférieures en nombre devraient, estimait-on, leur infliger de telles pertes que les opérations d’envergure deviendraient vite impossibles.

Encore sous l’impression de notre propre échec dans la Bataille d’Angleterre, nos chefs ne voyaient pas les perspectives qu’ouvrait le progrès technique aux États-Unis. Peut-être ne voulaient-ils pas les voir, car ces perspectives étaient évidemment très sombres pour l’Allemagne (1)

(1) Fana de l’Aviation, HS37, pp 62-63

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