dimanche 31 mars 2024

7876 - la Tempête

"Toute résistance humaine était vaine"
... 28 juillet 1943, 00h00

Peu avant minuit, à nouveau protégé par des Windows, les bombardiers surgissent donc une fois de plus au-dessus de Hambourg, pour y déverser 2 300 tonnes de plus.

Cette fois, le centre de la cible n’est pas une église mais bien de forts modestes quartiers populaires, qui n’hébergent aucune administration ou haut dignitaire du régime nazi, mais seulement des ouvriers dont le seul pêché, il est vrai capital, est de travailler pour l’industrie de guerre du Reich.

Mais sans ouvrier, il ne peut y avoir d’industrie, et comme le dit Harris, si remplacer un bâtiment ne prend que quelques mois, remplacer un ouvrier prend vingt ans...

Au sol, c’est à nouveau l’enfer, et un enfer bien pire que le précédant puisque partout, de nouveaux incendies s’ajoutent à ceux encore en cours, déclenchant, pour la première fois, une Tempête de Feu, cette fameuse Tempête de Feu jusque-là théorique mais que les sorciers s’efforçaient en vain de provoquer depuis des mois.

Comme le souligna un rapport allemand, "Le lâcher alternatif de bombes à grande puissance explosive et de bombes incendiaires rendait la lutte contre le feu impossible. Les multiples foyers d’incendie se soudaient rapidement et cette conjonction provoqua bientôt un véritable ouragan de feu.

C’était l’effet d’une loi physique : par la réunion de foyers d’incendie, l’air devient si chaud qu’en raison de la diminution de son poids spécifique, il exerce une sorte de succion de l’air environnant vers le centre. Par la suite, cette succion, combinée avec l’énorme différence de température de l’air ambiant (600 à 1 000 degrés), de véritables tornades furent provoquées, dont la violence était sans équivalant avec les plus fortes perturbations atmosphériques.

(...) C’était un typhon de feu tel que jamais encore il ne s’en produisit de pareil, et toute résistance humaine était folle" (1)

(1) Fana de l’Aviation, aout 2013, pp 26-27

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Bravo pour le blog...Sans entrer dans les vues du féroce Bomber Harris, il est à remarquer que les allemands avaient précisément utilisé un cocktail savant de bombes soufflantes, de bombes incendiaires et de mitraillage des civils à Guernica durant la Guerre d'Espagne (même si Georges Botto, le très fasciste correspondant français de l'agence Havas a essayé de relayer le point de vue des franquistes et de dénier l'attaque délibérée)...Mais à Guernica les allemands n'avaient pas les très gros moyens utilisés sur Hambourg (quadrimoteurs et bombes lourdes).

Même si une partie de l'opinion publique britannique (les travaillistes , les intellectuels comme Graham Greene, les étudiants...) penchait pour le gouvernement légitime républicain, le patronat anglais et le premier cercle du parti conservateur soutenaient Franco en sous-main, ce qui explique que le correspondant du Times (qui avait précisément décrit le côté méthodique du bombardement dans un premier article a été prié de rétropédaler et de minimiser...sans aller jusqu'à prétendre (comme le firent les franquistes et le correspondant Havas que les "rouges" avaient volontairement incendié leur ville)...
A Nurenberg Goering avait fini par avouer que l'armée de l'air allemande s'était livrée "à une expérience (sic) qu'il était difficile de mener ailleurs"

Anonyme a dit...

Remplacer les ouvriers...Les nazis s'y employaient : Le Gauleiter fritz Sauckel (alias Le Négrier de l'Europe) , pendu à Nurenberg, y mettait un zèle fanatique : Main d'oeuvre concentrationnaire exploitée jusqu'à l'atrocité , travail des prisonniers de guerre (soi disant pour des tâches civiles mais dans le détail c'était bien différent comme le relate l'écrivain français Jacques Perret , qui s'évada et entra en résistance) et bien entendu le STO (qui eut pour effet de gonfler les effectifs des maquis FFI et FTP et la rafle des ouvriers spécialisés italiens dans la république de Salo après 1943...

Ceci dit ces travailleurs forcés ne faisaient guère de zèle , et faisaient même du sabotage dès qu'ils pouvaient sans trop de risques(sable dans les boîtes à graisse des essieux de trains, pièces mal usinées, oblets divers dans les circuits de graissage des moteurs...)