jeudi 29 février 2024

7845 - le syndrome de la couverture trop petite

Un Heinkel 177 sur le Front russe, où il fut souvent utilisé... comme avion de transport !
 ... car en cette fin de 1942, la Luftwaffe, malheureusement pour elle, se trouve se trouve désormais dans la fâcheuse position du dormeur confronté à une couverture trop petite, qu'il doit sans cesse repositionner pour couvrir tantôt ses pieds, tantôt ses épaules, mais sans jamais être capable de se réchauffer complètement, ce qui le condamne à des nuits sans sommeil et, à terme, à mourir de froid.

Malgré tous ses efforts, et les pertes subies (!), la Luftwaffe n’a en effet pu ni empêcher les Britanniques de l’emporter le 03 novembre lors de la Seconde Bataille d’El Alamein, ni les Anglo-Américains de débarquer moins d’une semaine plus tard au Maroc et en Algérie, deux préludes à une campagne de reconquête de toute l’Afrique du Nord qui, malgré quelques revers, s’achèvera par la reddition définitive des derniers éléments de l’Afrika Korps en Tunisie, en mai 1943

Beaucoup plus grave : malgré toutes les garanties formulées par Goering, et malgré une mobilisation sans précédent de tous ses moyens aériens, avec notamment la conversion en avions de transport de ses tout nouveaux mais très fragiles bombardiers Heinkel 177 "quadrimoteurs à deux hélices", elle n’a pas davantage été en mesure d’assurer le ravitaillement de la VIème Armée allemande encerclée à Stalingrad et dès lors contrainte elle aussi, le 03 février 1943, à une reddition encore plus catastrophique pour l’avenir du Troisième Reich.

Mais dans le ciel allemand - et comme nous l’avons vu - cette même Lufwaffe n’a  pas non plus réussi à barrer le passage aux appareils du Bomber Command, qui ont certes subi des pertes, mais pas suffisantes en tout cas pour les dissuader de se représenter nuit après nuit.

Pour 1943, Josef Kammhuber, grand patron de la Nachtjagd, la chasse de nuit du Reich, a déjà réclamé de nouveaux radars, mais aussi, et surtout, quantités de canons, de chasseurs, de pilotes et de soldats supplémentaires, qu’on ne pourrait lui offrir qu’à la condition de renoncer pour ainsi dire à combattre à l’Est,... 

... ce que le Führer n’a évidemment aucune intention de faire !

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Excellent blog...On a souvent parlé du déni de réalité de Hitler (pas faux) mais celui du Maréchal de l'air Göering n'est pas mal non plus, voire largement plus grave.

Le personnage est hors réalité par ses excentricités mille fois décrites (résidences de chasse pharaoniques avec des gigantesques ...circuits de trains electriques pour faire joujou (Il y a même un bombardier télécommandé glissant sur un fil qui bombarde un train!), uniformes de fantaisie, manteaux de fourrure somptueux,héroïnomanie, excès de table à la gargantua, pillage de musées et même manipulation compulsive de pierres précieuses dans un plein saladier!

Imbu de lui même et déconnecté des réalités de la guerre aérienne moderne (il en est resté à 14-18 alors que les radars font désormais partie du paysage et que les avions vont 3 fois plus vite et sont bien plus techniques à piloter) Goering a assuré à Hitler qu'il pourrait sans problème ravitailler par air la poche de Stalingrad (Les français feront la même sottise avec le camp retranché de Dien Bien Phu) et il porte une très lourde responsabilité dans ce désastre...et dans ses inévitables conséquences, peut-être parce qu'il en est resté à l'armée de l'air russe faible , désorganisée par les purges et équipée de Polikarpov obsolescents de 1939.