jeudi 1 février 2024

7817 - c'est toujours la faute des autres...

... dans ce monde de flammes, les militaires se contenteront évidemment d'obéir aux ordres des politiciens qui leur diront ce qu'ils doivent bombarder, de suivre les conseils des scientifiques qui leur expliqueront comment s’y prendre,... et d'utiliser les armes que les industriels mettront à leur disposition.

Le remords - quand il existe - ne se manifestera que des années plus tard, dans des biographies et des interviews plus ou moins sincères ou larmoyantes, où l'on s'efforcera toujours de minimiser, sinon de nier, sa propre responsabilité et de se donner le "beau rôle".

"Ce que je savais me rendait malade", écrira ainsi le physicien Freeman Dyson qui, à 20 ans, au lieu de rejoindre le Front, a plutôt rejoint les rangs d’un Centre de Recherches et d’Expérimentations de la Royal Air Force, pour faire la guerre dans le confort et la sécurité d’un bureau.

"Je me suis dit maintes fois", ajoutera-t-il,  "que j'avais le devoir moral de descendre dans la rue pour dire au peuple anglais les bêtises que l'on commettait en son nom. Mais je n'en avais pas le courage. Je suis resté jusqu'à la fin dans mon bureau à calculer comment tuer 100 000 personnes de la manière la plus économique possible" (1)

A l'inverse, d’autres - à commencer bien sûr par Arthur Harris lui-même - ne regretteront jamais rien, ou se réfugieront derrière la faute des "autres", la faute de ceux qui leur "donné l’ordre" de faire comme ceci, ou de s'y prendre comme cela.

"Le physicien réalise une possibilité scientifique, on ne l'interroge pas sur la licéité de sa mise en œuvre. L'état de guerre", écrira [le professeur Solly] Zuckerman, "incite le scientifique à de grands élans d'imagination. Le monde à sa disposition s'élargit soudain dans des proportions insoupçonnées. Cela se traduit notamment par la possibilité de disposer de "ressources à un degré dont on ne peut que rêver en temps de paix"" (2).

(1) et (2) Jorg Friedrich, op cit

Aucun commentaire: