mardi 7 décembre 2021

7039 - Tinian ou la bonne affaire

Marines offrant une friandise à un enfant japonais interné dans un camp, Tinian, 1944
… Tinian, 24 juillet 1944

Après Saïpan, après Guam, il y a Tinian, où la 4ème Division de Marine débarque le 24 juillet, et où la résistance japonaise est, comme à son habitude, féroce, mais où, cette fois, les combats se terminent après seulement une semaine.

Il faut dire que non contente d’être trois à quatre fois moins nombreuse, la garnison nippone n’y bénéficie pas de fortifications aussi impressionnantes qu’à Saïpan, et que Tinian, malgré des dimensions à peu près analogues à sa voisine et qui, en théorie, autorisent là encore une défense "en profondeur", est dotée d’un relief beaucoup plus plat et moins accidenté, lequel n’offre en définitive que fort peu de possibilités aux défenseurs.

Si des escarmouches sporadiques s’y dérouleront encore pendant plusieurs mois (1), et si le dernier "défenseur" de l’île, Murata Susumu, ne se rendra qu’en 1953 (!), l’affaire est officiellement terminée dès le 1er août, au prix de 2 000 morts et blessés côté américain,… et de près de 8 000 morts, soit de la quasi-totalité de la garnison, côté japonais (2), ce qui autorise les Seabees à se mettre immédiatement au travail et, sans le moindre égard pour l'environnement ni, il faut bien le dire, pour les survivants civils enfermés dans des camps, à entreprendre sur Tinian des travaux d’aménagement d’une ampleur jamais vue jusque-là.

Et de toutes les îles de l'Archipel des Mariannes, Tinian est assurément la meilleure affaire puisqu'en quelques semaines, travaillant jour et nuit, près de 15 000 Seabees vont en effet créer un réseau routier sur toute l’île, bâtir des installations capables d’héberger, de nourrir et de divertir 50 000 hommes (!), mais aussi, et surtout, construire le plus grand aéroport du monde, doté de six pistes d’atterrissage de 2 500 mètres et de dizaines de km de voies de stationnement, de dégagement et de roulement, destinées aux centaines de bombardiers B-29 qui, de là, prendront bientôt leur envol pour Tokyo et, un jour, Hiroshima et Nagasaki

(1) l’ilot voisin d’Aguijan, qui ne fait que 7 km2, sera laissé en paix avec la petite garnison japonaise qui s’y trouve, laquelle, totalement isolée et donc inoffensive, ne déposera officiellement les armes qu’en septembre 1945
(2) près de 4 000 civils japonais seront également tués dans les combats ou se suicideront pour ne pas tomber aux mains des Américains

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