mercredi 8 décembre 2021

7040 - des morts de trop

Marines conduisant des civils japonais et leur poussette vers un camp d'internement. Saïpan, 1944
 
Saïpan, Tinian, Guam, trois îles de l’Archipel des Mariannes défendues par respectivement 32 000, 8 000 et 22 000 hommes, soit un total de 62 000, qui, en l’espace de deux mois, ont été tués ou se sont suicidés dans plus de 95% des cas, mais non sans infliger au préalable la mort à plus de 5 000 soldats américains, et des blessures plus ou moins sérieuses à plus de 18 000 autres.

Pour la population américaine qui, après le Débarquement de Normandie (6 juin) et le "Tir au Pigeon des Mariannes" (19 juin), sait que la victoire est désormais assurée, c’est beaucoup trop, et chaque mort américaine supplémentaire est désormais une mort inutile, qu’il importe d’éviter par tous les moyens possibles,… y compris au besoin en incinérant les soldats japonais, mais aussi les civils japonais, jusqu’au dernier !

Et Saïpan, Tinian et Guam sont justement trois merveilleuses plateformes pour réaliser cet objectif,… et pour réaliser la vision des aviateurs qui, à l’image de leur chef, Henry "Hap" Arnold, sont convaincus qu’ils pourront, avec leurs nouveaux B-29, gagner la guerre à eux seuls et surtout sans qu’il soit nécessaire de poser un seul pied sur le sol japonais.

Cette vision, on s’en doute, est en totale opposition avec celle des marins, celle de King et de Nimitz, au contraire certains que leur stratégie de "sauts de puce" d’île en île, aussi coûteuse puisse-t-elle paraître, est la seule possible.

Mais elle aussi condamnée par les fantassins, et en particulier par le plus médiatique d’entre-eux, Douglas MacArthur, qui certes entend voir ses soldats défiler dans les rues de Tokyo... mais certainement pas sans qu’ils aient, au préalable, reconquis ses précieuses Philippines, sur lesquelles il régnait avant-guerre tel un proconsul romain, et dont il a été honteusement chassé par les Japonais un certain 12 mars 1942…

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Hé bé, le sang américain est nettement plus cher de l'US pint ou même du US gallon, et probablement le plus cher du monde, dans toute cette guerre, surtout comparé au sang soviétique (dans les 2O millions de morts à quelque chose près).

Qu'auraient dit l'opinion publique et le sénat américain s'il avait fallu assumer des pertes équivalentes à celles de Stalingrad ?

ON comprend bien pourquoi Truman, (qui n'avait pas été dans le Secret des Dieux lors de la décision de lancer le projet Manhattan de bombe atomique) a donné son aval pour se servir de cette arme dévastatrice sur une population civile quand il a succédé à Roosevelt (les scientifiques américains ou anglais prêchaient plutôt pour la larguer sur la garnison militaire d'une île encore aux mains des japonais et de monter la pression diplomatique une fois la démonstration faite)...Ceci dit les chiffres de prévisions de pertes américaines en cas d'un débarquement sur le sol japonais ont été allègrement gonflés par les généraux US

Anonyme a dit...

Vaste sujet, très débattu.

Les pertes subies dans les assauts contre les îles du Pacifique n'auguraient rien de bon pour l'opération Downfall d'invasion du Japon. Quel pays aurait fait le choix de renoncer à des bombardements dans ce contexte ?

Quant au débat sur les cibles il est en partie anachronique : les centres urbains étaient aussi des centres industriels.

Enfin l'empereur du Japon a attribué à la bombe atomique, et à elle seule, la capitulation, sans même faire référence à l'attaque soviétique.

Cette controverse est aussi une vilaine tentative pour poser le Japon en victime, ce qu'il n'a jamais été.

Bravo pour ce blog !