dimanche 20 juin 2021

6770 - l'humiliation

Le Mutsu, en 1937. Ne pouvant construire en neuf, les Japonais reconstruisirent leurs cuirassés existants
… il n’est pas surprenant que le Traité de Washington ait été dénoncé par les milieux nationalistes japonais avant-même que son encre ne soit sèche : à cette époque où le nombre de cuirassé et le calibre de leurs canons sont encore source de fierté - et d’anxiété - nationale, toute réduction de l'une ou de l'autre ne peut en effet être perçue que comme une défaite, a fortiori si elle ne s’accompagne pas d’un effort comparable au sein des autres pays signataires.

Car même s’ils devront se résoudre à ferrailler une partie de leur flotte, Britanniques et Américains conserveront tout de même 18 cuirassés et croiseurs de bataille chacun alors que les Japonais, eux, devront se contenter d’un ratio de 60% qui, en pratique, condamne donc leur Marine impériale à ne posséder que 10 navires de ligne au maximum,… chiffre insuffisant en cas d’alliance - probable - entre Londres et Washington dans le Pacifique !

Qu’importe que le Japon, qui en 1921 a consacré un tiers (!) de son budget national rien qu’à bâtir et entretenir sa marine de guerre, qu'importe que le Japon n’ait en réalité plus les moyens de poursuivre dans cette voie ni, a fortiori, de construire une flotte encore plus grande : ce qui compte ici, c’est le fait de se le voir interdire, d’être considérée comme une nation de second ordre,… et de se voir condamnée à le rester !

Le ver de la frustration et de la rancune est déjà dans le fruit et, comme en Allemagne au même moment, la théorie d’un "espace vital" qui ne pourra bien entendu être acquis qu'au détriment des peuples voisins, et plus particulièrement des Chinois, et au prix d'une nouvelle guerre, fait de plus en plus d’adeptes…

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