samedi 19 juin 2021

6769 - réduire les armements

Le cuirassé Mutsu, en 1922 : 32 000 tonnes et 8 canons de 410mm
… Washington, 6 février 1922

Et ce Traité de Washington, parlons-en !

Pour ses partisans, il constitue le premier exemple réussi d’un accord de désarmement international, alors que pour ses détracteurs, il représente plutôt une humiliation supplémentaire infligée par les Occidentaux aux Asiatiques.

Souvent évoqué dans ces pages, ce Traité, rappelons-le, est une initiative américaine visant à empêcher, ou du moins à limiter, une course au réarmement naval, en particulier dans le domaine ô combien ruineux des cuirassés et croiseurs de bataille, lesquels, paradoxalement, n’ont pourtant pas démontré grand-chose lors de la guerre qui vient de s’achever.

Selon les termes de cet accord, qui engage également Italiens et Français, seuls les Britanniques seront autorisés à construire deux nouveaux cuirassés - les futurs Nelson et Rodney - mais avec un tonnage limité à 35 000 tonnes, et des canons qui ne dépasseront pas 406mm,… soit le déplacement et le calibre des Nagato et Mutsu japonais, ou des trois Colorado américains.

En contre-partie, la Grande-Bretagne devra se contenter de 22 cuirassés et croiseurs de bataille, chiffre à ramener à 18 dès l’entrée en service des Nelson et Rodney, prévue pour 1927.

Comme les États-Unis pourront également en conserver 18, l’US Navy deviendra donc, à cette date, l’égale de la Royal Navy… sans avoir à tirer un seul coup de canon, une perspective qui n’enchante évidemment personne à Londres mais que l’on est néanmoins résolu à accepter.

La réduction de la puissance navale japonaise est en revanche une toute autre histoire…

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour, excellent blog, toujours instructif à suivre...le traité de Washington définissait un certain nombre de règles en matière de construction navale (un peu comme les jauges de course pour les voiliers (transats, coupe de l'America, courses côtières ou Jeux Olympiques) ...et du coup (mêmes causes, mêmes effets) dès qu'il y a une règle , la créativité se déchaîne pour en détourner l'esprit en faisant semblant d'en respecter la lettre (même les pacifiques???régatiers parlent de "course à l'armement" pour qualifier cette dérive....en général très dispendieuse).

Il y eut des évolutions innovantes (soudure des coques économisant le poids des recouvrement des tôles et des rivets, les allemands étaient pionniers mais les autres nations pas loin derrière), une course à la vitesse, non taxée, (croiseurs légers français et italiens),l'amélioration de la très économique propulsion Diesel des navires construits en "fer blanc" mais prévus dès l'origine pour pouvoir installer plus de blindage (croiseurs anglais), des bateaux bizarres (les cuirassés anglais Nelson et Rodney (surnommés "Nelsoil" et "Rodnoil" avec une superstructure tout à l'arrière que les marins assimilaient facétieusement à des pétroliers), les français firent à peu près la même chose mais avec 2 tourelles quadruples, des reconstructions délirantes de navires anciens (le Kongo Japonais et dans une moindre mesure les cuirassés italiens remotorisés, reblindés et réarmés dans tous les sens) , le sous-marin Surcouf (loupé mais préfigurant les sous marins stratégiques modernes), des tricheries sans nombre sur le tonnage(les italiens étant les plus décomplexés et les américains les plus discrets mais lpas les moins tricheurs...) et aussi des bateaux mal compartimentés pour gratter du poids (le croiseur américain USS Northampton, et une ruée vers la reconversion de divers navires inachevés en porte avions , là encore avec une explosion de créativité...

Au total les japonais eurent l'impression (paranoïa ou réalité ????) que le Traité de Washington était avant tout destiné à favoriser leur futur ennemi, les Etats-Unis