vendredi 18 juin 2021

6768 - "Avant qu'un nouveau monde apparaisse"

Affiche célébrant la brève occupation japonaise de la ville russe de Khabarovsk, 1919
… à l'instar du propagandiste, et général, Sadao Araki (1), nombreux sont ceux qui, au sein de l’Armée comme du gouvernement, font à présent observer que le Japon n’a en vérité d’autre choix que de nourrir 65 millions de personnes sur un territoire 40 fois moins étendu que le Canada ou l'Australie,… par ailleurs 10 fois moins peuplés !

De pareilles disparités, estiment-ils alors, sont profondément injustes et ne peuvent donc que légitimer les revendications du Japon sur la Chine,... ainsi que sa vocation à diriger l'Asie toute entière.

Trois ans après la signature du Traité de Washington de 1922, qui va reconnaître le Japon comme troisième puissance navale au monde, l’ultra-nationaliste et pan-asiatique Shūmei Ōkawa (2) écrit pour sa part que la destinée du Japon est tout bonnement de "libérer l'Asie" de toute présence et influence occidentale et donc, inévitablement,... d'entrer un jour ou l'autre en guerre contre les États-Unis.

"Avant qu'un nouveau monde apparaisse", souligne-t-il, "un combat mortel s'engagera entre les puissances de l'Ouest et de l'Est (...) Le Japon est le pays le plus puissant d'Asie, et les États-Unis le pays occidental le plus puissant. Ces deux pays sont destinés à s'affronter, et seul Dieu sait quand cela se produira"

(1) militaire et politicien ultra-nationaliste, et plusieurs fois ministre, Sadao Araki était un des plus fervents partisans de l’expansion territoriale vers le Nord, c-à-d vers la Sibérie russe.
(2) enseignant, philosophe, écrivain prolifique, mais aussi théologien de l’Islam, Shūmei Ōkawa fut poursuivi pour crimes de guerre par les Américains après la guerre, mais rapidement libéré pour "troubles mentaux"

1 commentaire:

Anonyme a dit...

L'avion ressemble furieusement à un "Farman MF7" Français d'observation (avec hélice propulsive, un montage peu performant mais qui permettait d'installer une mitrailleuse tirant vers l'avant sans se préoccuper des interférences avec l'hélice.
De quoi alimenter le cliché des industriels japonais "qui font rien qu'à copier, msieur!"

Les tout débuts de l'aviation japonaise sont à mettre au crédit d'un inventeur et officier de marine français (cocorico!) assez atypique : Yves Le Prieur (il inventa un scaphandre autonome, bien avant Cousteau, des roquettes air-air qui firent un carnage parmi les drachen, les ballons d'observation allemands et une pleiade d'instruments de navigation et de visée aérienne) .

Alors que , tout jeune lieutenant de vaisseau, il était affecté au japon dans les premières années du XX° siècle, il utilisa le savoir-faire japonais en matière de cerfs volants pour bricoler, avec du bambou et de la toile , un planeur fonctionnel (mélange des réalisation de Lillienthal, des Wright etde Santos-Dumont)et réalisa des vols audacieux en se lançant du haut d'une pagode....
Craignant de ramasser une bûche avec son engin, il s'initia à l'art vénérable du Judo (qu'il contribua à faire connaître à son retour en France) puis pour finir, dénicha un moteur de moto de 4 CV (déjà des motos japonaises!) qu'il adapta à son engin pour réaliser (en présence du Mikado et de ses ministres) le tout premier vol d'un aéroplane au pays du soleil levant...il apprit à un de ses collègues japonais à l'utiliser et le lui laissa lors de son retour en France lors d'un changement d'affectation...