vendredi 3 avril 2020

6337 - l'Incident de Berne

Himmler (à gauche) et Wolff (à droite), visitant le camp de Mauthausen, avril 1941
… Lucerne (Suisse), 8 mars 1945

Avec la bienveillante collaboration des autorités helvétiques, une première rencontre entre Dulles, Wolff et l’officier des Renseignements suisses Max Waibel est donc organisée à Lucerne le 8 mars 1945, prélude à des tractations qui se poursuivront tout au long du mois d’avril et aboutiront - mais n’anticipons pas - à la reddition locale des forces allemandes à Caserta, le 29 avril

Bien que secrets, ces pourparlers n’en arrivent pas moins très rapidement aux oreilles des Soviétiques qui, non sans raison, y voient une infraction à l’obligation de "Capitulation sans condition" telle qu'édictée lors de la Conférence de Casablanca.

Dans une lettre adressée le 12 mars à Averell Harriman, ambassadeur des États-Unis en URSS, le Ministre des Affaires étrangères Vyacheslav Molotov se contente, dans un premier temps, d’exiger la participation de délégués soviétiques à ces négociations, une exigence que Dulles et Wolff, aussi anticommunistes l’un que l’autre, rejettent néanmoins catégoriquement.

Il n’en faut pas plus pour provoquer une nouvelle crise diplomatique, dite "Incident de Berne", entre Alliés occidentaux et soviétiques qui, depuis 1942, vivent chacun dans la hantise de voir leur vis-à-vis conclure une paix séparée avec le Reich,... une paix qui permettrait évidemment à la Wehrmacht de se retourner ensuite et avec tous ses moyens contre eux !

Un échange de courriers entre Roosevelt et Staline parvient à calmer le jeu, mais il faudra toutefois attendre la mort de Roosevelt, le 12 avril, pour voir la crise se régler définitivement, lorsque son successeur, Harry Truman, acceptera la présence de délégués soviétiques à la signature de la Reddition de Caserta

Mais cet "Incident de Berne" n’est pourtant que la pointe émergée d’un plus vaste et plus sinistre iceberg…

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Commentaire acide de l'écrivain-propagandiste soviétique (doté d'un certain talent), Ilya Erhenbourg : "Allen Dulles est l'homme le plus dangereux du monde. Si par quelque erreur il arrivait au paradis , il mettrait des micros sous le lit des anges, plastiquerait les nuages et organiserait un complot pour renverser le Bon Dieu."

Les comparaisons sont un brin surprenantes venant d'un homme et d'un système politique qui professait l'athéisme officiel, mais on ne peut pas s'empêcher de penser qu'il y a comme un fond de vérité dans cette pique bien envoyée.(même si ce commentaire acide a été émis plus tard, en pleine Guerre Froide)