jeudi 2 avril 2020

6336 - quand l'OSS s'en mèle...

Carte d'identification d'Allan Dulles, lorsqu'il était en fonction à Berne
… mais alors que Clark est occupé à rassembler troupes et matériels pour cette ultime offensive en Italie, des pourparlers secrets sont déjà en cours pour obtenir la reddition des forces allemandes dans la Péninsule (!), des pourparlers à ce point ahurissants qu’ils méritent amplement que nous leur consacrions à présent quelques lignes.

A l’origine de ces pourparlers, on trouve deux hommes.

Le premier est l’Américain Allen Dulles. Avocat, financier, diplomate, anticommuniste notoire,… et futur directeur de la CIA (!), Dulles est devenu à la fin de 1942, le chef de station de l’Office of Strategic Services (OSS) à Berne, capitale aussi neutre que mondiale de tous les contacts secrets et tractations inavouables de la 2ème G.M.

Durant toute la guerre, Dulles a noué de nombreuses et fructueuses relations avec divers réfugiés et agents allemands, antinazis ou non, ce qui, le 23 février 1945, lui a tout dès lors valu d’être contacté par le second personnage de cette histoire, Karl Wolff

SS-Obergruppenführer und General der Waffen-SS, Wolff a longtemps appartenu à l’État-major du chef suprême de la SS, Heinrich Himmler, et a également servi comme officier de liaison de la SS auprès d’Hitler avant de tomber en disgrâce puis d’être nommé, en septembre 1943, Höchste SS- und Polizeiführer ("Chef suprême de la SS et de la Police", ou HöSSPf) et finalement bevollmächtigten General der deutschen Wehrmacht ("général plénipotentiaire des forces armées allemandes") en Italie.

Sachant la guerre perdue, et réalisant que les Alliés auront bien des choses à lui reprocher, et notamment d’avoir supervisé, si non ordonné, la déportation de plusieurs centaines de milliers de Juifs vers le camp d’extermination de Treblinka, Wolff a maintenant la ferme intention de négocier la reddition de l'ensemble des troupes allemandes qui combattent encore en Italie mais aussi, et surtout, la sécurité de sa propre tête…

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonjour et compliments pour ce blog...
Les services secrets de l'OSS (américains) et les services secrets anglais avaient des buts nettement différents en italie.

Côté américain, effectivement il s'agissait de hâter la capitulation et comme vous l'avez relaté, Himmler (le "Loyal Heinrich" soi-disant) trahissait Hitler et négociait avec Dulles par Karl Wolff interposé. Concernant Mussolini , le but était de le prendre vivant et de le juger dans un procès de Nurenberg "sauce bolognaise".Divers plans ont été échafaudés en catastrophe (notamment avec le Général Cadorna junior, fils de Cadorna senior, le boucher de 14-18) pour récupérer Mussolini et l'exfiltrer quend son arrestation a été connue.

Côté anglais c'était autre chose , la priorité était de liquider Mussolini et de détruire d'éventuels documents compromettants (la correspondance diplomatique d'avant-guerre entre les deux leaders) . La mort du Duce est environnée d'un certain mystère même si les communistes italiens ont tenté d'en accréditer une version "historique" (dont le personnage clé est le député Walter Audisio, alias "colonel Valerio" qui aurait tenu la mitraillette fatale).

Les versions alternatives (auxquelles l'historien Pierre Milza donne un certain crédit) évoquent l'action d'officiers anglais faisant la liaison avec la résistance italienne, et Il est notoire que Churchill a tenté (lors de ses "vacances" italiennes post défaite électorale) de racheter à prix d'or des papiers (compromettants?) auprès du très ambivalent Dante Gorreri, le secrétaire fédéral du Parti Communiste Italien de la ville de Côme, un communiste pas vraiment austère sur les questions de morale, par qui avaient transité les dossiers et les valeurs saisies par les partisans lors de l'arrestation de la "cour" de Mussolini. (le siège social du PCI et la campagne électorale des premières élections d'après guerre auraient été financées avec cet argent)...

Pour ajouter à ce tableau très italien et très embrouillé, il y a les missions de bons offices du cardinal de Milan Ildefonso Schuster qui avant l'acte final, avait joué les monsieur bons offices lorsque Mussolini a tenté , avant la déroute finale et la rafale de mitraillette fatale , de "transmettre légalement" le peu des pouvoirs qui lui restaient aux représentants de la résistance italienne (le CLNAI , Comité de Libération de la Haute Italie). Lors d'une réunion liées aux tractations autour de Schuster, un retardataire est arrivé en courant et à croisé Mussolini qui fuyait Milan vers Côme ...C'était Sandro Pertini (socialiste, pas communiste) le futur Président de la République italienne...tellement presssé qu'il n'a pas reconnu le Duce.

Dans toutes les interviews qu'il a donné après guerre il a dit qu'il se mordait les doigts de ne pas l'avoir reconnu...car il était armé et disait (vérité ou exagération? ) qu'il n'aurait pas hésité à tirer.
La Résistance Italienne était largement unanime surle point de liquider Mussolini après un procès sommaire "au nom du peuple italien" (ou pas de procès du tout) plutôt que de laisser ce soin aux forces d'occupation américaines.

Anonyme a dit...

Bonjour et compliments pour ce blog...
Les services secrets de l'OSS (américains) et les services secrets anglais avaient des buts nettement différents en italie.

Côté américain, effectivement il s'agissait de hâter la capitulation et comme vous l'avez relaté, Himmler (le "Loyal Heinrich" soi-disant) trahissait Hitler et négociait avec Dulles par Karl Wolff interposé. Concernant Mussolini , le but était de le prendre vivant et de le juger dans un procès de Nurenberg "sauce bolognaise".Divers plans ont été échafaudés en catastrophe (notamment avec le Général Cadorna junior, fils de Cadorna senior, le boucher de 14-18) pour récupérer Mussolini et l'exfiltrer quend son arrestation a été connue.

Côté anglais c'était autre chose , la priorité était de liquider Mussolini et de détruire d'éventuels documents compromettants (la correspondance diplomatique d'avant-guerre entre les deux leaders) . La mort du Duce est environnée d'un certain mystère même si les communistes italiens ont tenté d'en accréditer une version "historique" (dont le personnage clé est le député Walter Audisio, alias "colonel Valerio" qui aurait tenu la mitraillette fatale).

Les versions alternatives (auxquelles l'historien Pierre Milza donne un certain crédit) évoquent l'action d'officiers anglais faisant la liaison avec la résistance italienne, et Il est notoire que Churchill a tenté (lors de ses "vacances" italiennes post défaite électorale) de racheter à prix d'or des papiers (compromettants?) auprès du très ambivalent Dante Gorreri, le secrétaire fédéral du Parti Communiste Italien de la ville de Côme, un communiste pas vraiment austère sur les questions de morale, par qui avaient transité les dossiers et les valeurs saisies par les partisans lors de l'arrestation de la "cour" de Mussolini. (le siège social du PCI et la campagne électorale des premières élections d'après guerre auraient été financées avec cet argent)...

Pour ajouter à ce tableau très italien et très embrouillé, il y a les missions de bons offices du cardinal de Milan Ildefonso Schuster qui avant l'acte final, avait joué les monsieur bons offices lorsque Mussolini a tenté , avant la déroute finale et la rafale de mitraillette fatale , de "transmettre légalement" le peu des pouvoirs qui lui restaient aux représentants de la résistance italienne (le CLNAI , Comité de Libération de la Haute Italie). Lors d'une réunion liées aux tractations autour de Schuster, un retardataire est arrivé en courant et à croisé Mussolini qui fuyait Milan vers Côme ...C'était Sandro Pertini (socialiste, pas communiste) le futur Président de la République italienne...tellement presssé qu'il n'a pas reconnu le Duce.

Dans toutes les interviews qu'il a donné après guerre il a dit qu'il se mordait les doigts de ne pas l'avoir reconnu...car il était armé et disait (vérité ou exagération? ) qu'il n'aurait pas hésité à tirer.
La Résistance Italienne était largement unanime surle point de liquider Mussolini après un procès sommaire "au nom du peuple italien" (ou pas de procès du tout) plutôt que de laisser ce soin aux forces d'occupation américaines.