mardi 19 novembre 2019

6211 - des "combattants exceptionnels"

Tirailleurs sénéglais, ici dans les Vosges, à l'hiver 44-45
… même s’ils ne sont le plus souvent ralliés à De Gaulle que sur le tard, et contraints et forcés, les Français d’Afrique peuvent au moins s’imaginer défendre leur propre patrie, cette "France éternelle" ainsi que ses valeurs, respectivement occupée et foulées aux pieds par l’Allemagne nazie depuis quatre ans.

Mais que pensent exactement ces spahis, ces tirailleurs, ces goumiers africains souvent analphabètes et issus des quatre coins de l’Afrique coloniale, que pensent-ils de la "lutte contre le nazisme" et du "juste combat pour la Démocratie" ?

Que pensent-ils, tout simplement, de cette France de De Gaulle, et avant celle-là de celle de Poincaré, qui les a autrefois colonisés par la force des armes mais qui leur demande quand même aujourd'hui, ou plutôt qui leur ordonne, de mourir pour elle et par dizaine de milliers ?

Plus ou moins volontaires ou plus ou moins réquisitionnés, n’ayant, pour la plupart, jamais vu cette "patrie" qu’ils doivent parait-il "reconquérir", ces hommes sont pourtant souvent qualifiés de  "combattants exceptionnels" non seulement par leur hiérarchie, mais aussi par les État-majors britanniques et américains,… sans que l’on sache trop si ce jugement des uns et des autres s’appuie sur leur véritable valeur de soldats,... ou alors sur les souffrances, les privations et les pertes qu’ils sont capables de supporter sans se plaindre ou même se révolter.

Spahis, tirailleurs, goumiers,… ces hommes sont, a-t-on également coutume d’affirmer, des soldats "habitués à la dure" quasiment "nés pour se battre" et qui "peuvent des miracles avec rien",... ce qui, au final, arrange bien tout le monde, vu que, quand bien même en aurait-elle l’envie, la France "combattante" n’a de toute manière pas grand-chose pour les équiper et leur permettre de mener à bien les missions qu’elle attend d’eux...

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Il ya une autre raison à l'engagement des goumiers ou des tirailleurs sénégalais : la solde qui est presque "égalitaire" avec les soldats français nés en métropole et en tous cas infiniment meilleure que la misère des villages du "douar d'origine".

Une des grandes saloperies des indépendances à la française est qu'à compter de la date des indépendances (le début des années 60) les pensions de retraite des anciens combattants (2° GM - Indochine et Algérie pour les harkis)ont continué à être versées mais n'ont plus été réevaluées du taux d'inflation.... (et que cette anomalie n'a été corrigée qu'une fois que la plupart de ces vaillants ex-soldats étaient partis pour un monde qu'on dit meilleur)....

cependant, jusqu'aux années 80 dans les villages sénégalais l'ancien combattant était un personnage prestigieux à deux titres: sa retraite en faisait un homme presque riche (suivant le standard sénégalais) et il avait vu du pays et participé à une "grande aventutre" ce qui lui donnait (parfois) une sorte de statut de vieux sage respecté.

Anonyme a dit...

La problématiique du soldat indigène vaut pour tous les empires coloniaux..
Sauf erreur, pour la Guerre des Malouines qui a eu lieu bien longtemps après les indépendances de l'empire britannique (dans les 35 ans) les anglais ont recruté des gurkhas népalais ....en comptant sur leur réputation de férocité (ils étaient entraînés à se battre au couteau, comme les nettoyeurs de tranchées de 14) pour semer la terreur dans les rangs des soldats argentins (des recrues du service militaire et non des soldats de métier dans leur immense majorité).