jeudi 17 octobre 2019

6178 - le "cauchemar du fantassin"

La Gari, au point de passage - trop profond pour être franchi à gué - de la 36ème
… car dans cette Bataille du Rapido, livrée contre des Panzergrenadiers solidement retranchés et disposant de nombreux véhicules blindés, l’Infanterie américaine a perdu plus de 2 000 hommes (tués, blessés, disparus ou faits prisonniers) contre seulement… 200 à son adversaire allemande !

Routinier sur le Front de l’Est, ce ratio de dix contre un constitue en revanche sinon une première - il avait été largement dépassé à Kasserine un an auparavant (1) - du moins un véritable traumatisme pour une armée nullement habituée à pareilles pertes, a fortiori pour de si maigres résultats.

Il faut dire que, comme à Salerne, Clark n’a pas non plus aidé sa cause : sans être fondamentalement mauvais, son plan pour franchir la rivière n’en était pas moins affligé du même entêtement, mais aussi du même et regrettable manque de planification et d’imagination, puisqu’il a bel et bien contraint la 36ème D.I. de Walker d’attaquer à ce qui était sans nul doute le pire endroit imaginable… c-à-d  celui que les Allemands avaient estimé le plus probable et donc renforcé   jusqu’à en faire, selon les propos du général von Senger und Etterlin, commandant du XIVème Panzer Korps, un véritable "cauchemar du fantassin"

Il existait pourtant, à quelque deux kilomètres en amont, un autre point de passage possible, qui, non content d’offrir aux fantassins une meilleur protection contre les tirs ennemis, aurait de surcroit permis  une traversée à gué plutôt que par canots.

Ce point avait clairement été identifié par Walker (2) qui, à pas moins de cinq (!) reprises avait d'ailleurs réclamé de son supérieur la permission d’attaquer à cet endroit qu’il jugeait plus à même d’assurer le succès..

(1) lors d’une série de batailles livrées en février 1943 autour de la Passe de Kasserine (Tunisie), le IIème Corps américain de Lloyd Fredendall avait perdu près de 10 000 hommes, soit le tiers de ses effectifs contre à peine 600 côté allemand !
(2) contrairement à Clark, et de neuf ans son aîné, Walker avait brillamment servi dans les tranchées de la 1ère G.M. en particulier lors de la Seconde Bataille de la Marne

2 commentaires:

Anonyme a dit...

2000 hommes pour passer ce petit ruisseau de fond de champ c'est sacrément cher payé!
Ils étaient sous le feu direct des Allemands lorsqu'is traversaient en barque?

On a beaucoup vanté la logistique américaine , capable de cfréer des ponts , des routes et des aéroports en plein désert ou en pleine campagne...il aurait été probablement possible de créer un pont proisoire loin des concentrations de troupes et de faire passer quelques blindés, non?

D'Iberville a dit...

Ils devaient traverser en barques et étaient effectivement sous le feu des Allemands,... et d'autant plus que l'acheminement des dites barques, très lourdes et à transporter à la main en plein cœur de l'hiver sur un terrain défoncé et miné, n'était évidemment pas passé inaperçu.

Et oui, il était prévu de construire un et même plusieurs ponts Bailey, sauf que l'assemblage de ceux-ci, au-dessus d'une rivière certes étroite, mais profonde, glaciale et transformée en torrent par les pluies, ne pouvait évidemment pas se faire sous le feu direct des canons et mitrailleuses installés par les Allemands à cet endroit