samedi 18 mai 2019

6026 - "je conseille l’évacuation de la Péninsule"

Charles Monro, le "liquidateur" de Gallipoli
... automne 1915

Cette fois, on est vraiment tout prêt de la fin, mais Hamilton, pourtant, n'est toujours pas prêt à renoncer !

Avec deux divisions britanniques mais aussi une division française (1) en moins, il n'est évidemment plus question d'envisager une quelconque offensive dans la Péninsule, mais le retrait de tout le corps expéditionnaire lui parait à bon droit hors de question, d'abord, et évidemment, pour des raisons de prestige politique, mais aussi parce qu'un tel retrait, qui devrait s'opérer face à des forces ottomanes qu'on n'est pas parvenu à vaincre en six mois, qui ne sont qu'à quelques centaines de mètres des premières tranchées alliées, et à seulement quelques kilomètres du rivage, entraînerait forcément des pertes épouvantables !

Ces deux arguments sont également soupesés, et depuis des semaines, à Paris et à Londres, mais l'entêtement du général fait à présent tache, en particulier face à une opinion publique scandalisée par l'ampleur des pertes encourues pour un résultat militaire aussi pitoyable.

Aussi, le 16 octobre, Hamilton se voit-il rappelé à Londres pour y être aussitôt relevé de son commandement et remplacé par le général Charles Monro dont les instructions, reçues de Kitchener lui-même se limitent pour l'heure à se rendre sur place, à analyser la situation, et à faire rapport sur ce qui peut, ou non, encore être entrepris sur le terrain, en particulier depuis l'entrée en guerre, deux jours plus tôt, de la Bulgarie, qui offre désormais à Berlin la possibilité de ravitailler directement Constantinople en armes et en munitions par le chemin de fer.

Monro se rend donc à Gallipoli, visite les têtes-de-ponts et, le 31 octobre, rend un rapport sans ambiguïté : "Mon opinion est qu’une autre tentative d’enlever les lignes turques n’offre aucun espoir de succès (…) pour des raisons purement militaires, en conséquence des graves consommations journalières en hommes et en officiers qui existent actuellement et vu le défaut de chance de pouvoir être capable de chasser les Turcs de leurs positions retranchées, je conseille l’évacuation de la Péninsule" (1)

(1) à la demande de leur gouvernement, les premiers soldats français avaient quitté Gallipoli pour Salonique le 29 septembre
(2) Schiavon, op cit, page 104

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