lundi 18 février 2019

5937 - le chèque en blanc

La Une du Kronen Zeitung de Vienne, 30 juin 1914
… car après tout, il y a quand même bien eu meurtres et attentat contre l’Empire austro-hongrois, ce qui ne saurait demeuré impuni, a fortiori lorsqu’on a tout de même toutes les raisons de croire que les dit meurtres et le dit attentat ont été encouragés, sinon organisés, par le Royaume de Serbie lui-même !

A Vienne, l’entourage de François-Joseph recommande de déclarer la guerre à la Serbie, mais un tel geste risque tout de même d’entraîner une réaction des Russes, traditionnels alliés des Serbes, qui n’ont toujours pas digéré le Traité de Berlin de 1878, et encore moins l’annexion pure et simple de la Bosnie-Herzégovine à l’Autriche-Hongrie trente ans plus tard !

Pour s’en prémunir, il importe avant tout de sonder les réactions de l’Empire allemand, lequel, le 6 juillet, donne les assurances nécessaires, autant dire un chèque en blanc, ce qui, le 23 va alors autoriser l’Autriche-Hongrie à adresser à la Serbie un ultimatum rédigé en des termes si brutaux - ils prévoient notamment l’envoi, en Serbie, de policiers austro-hongrois nantis du pouvoir d’enquête et d’arrestation - qu’ils ne pourront qu’inciter la Serbie à le rejeter… légitimant ainsi l’entrée en guerre de l’Autriche-Hongrie !

Et histoire d’enfoncer le clou et de préparer le peuple à ce qui s'en vient, la Presse nationale se voit bientôt invitée à se répandre en articles de plus en plus agressifs à l’égard de la Serbie
 
"Mais voici qu’au bout d’une semaine environ commença soudain dans les journaux tout un jeu d’escarmouches, dont le crescendo était trop bien synchronisé pour qu’il put être tout à fait accidentel. On accusait le gouvernement serbe d’intelligence avec les assassins, et l’on insinuait à des-mots que l’Autriche ne pouvait laisser impuni ce meurtre de l’héritier du trône - qu’on disait bien aimé" (1)

(1) Zweig, op. cit., page 271

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