mercredi 23 janvier 2019

5811 - l'Homme malade

La Bataille de Lépante, par Paolo Veronese : le début de la fin de l'Empire ottoman
… toute tragédie a bien sûr un commencement, et on pourrait sans doute faire remonter celle de Gallipoli à la Bataille navale de Lépante, en octobre 1571, lorsque la flotte ottomane d’Ali Pacha, pourtant supérieure en nombre, se voit proprement écrasée par une coalition catholique menée par don Juan d’Autriche.

Même si cet événement n’apparaît pas immédiatement comme décisif, Lépante n’en constitue pas moins un tournant : c'est en effet la première véritable défaite infligée par les nations européennes à un Empire ottoman que chacun avait presque fini par considérer comme invincible et qui à son apogée, soit à la mort de Soliman le Magnifique, cinq ans plus tôt, s'étendait d'ailleurs sur plus de 5 millions de km2 !

Et de fait, dans les décennies suivantes, et malgré tous les efforts entrepris pour le renforcer ou le réformer, le dit Empire marque le pas, puis commence lentement, et au terme de guerres et de batailles plus souvent perdues que gagnées, à s'effacer à l'avantage de ses rivaux européens et russes.

Régulièrement attaqué sur ses frontières extérieures, mais également miné de l'intérieur par  d’incessantes querelles politiques, il n’est plus, au milieu du 19ème siècle, qu’un oiseau pour le chat ou plus exactement, et pour reprendre les propos du Tsar Nicolas 1er, cet "Homme malade" d’une Europe qui ne cesse de se disputer ses dépouilles quitte parfois, comme lors de la Guerre de Crimée, à s'allier avec lui... pour en obtenir ensuite de nouvelles colonies, comme l'Algérie ou l'Égypte, que s'octroient respectivement la France et la Grande-Bretagne.

En 1908, un puissant mouvement nationaliste et réformateur, celui des Jeunes Turcs, renverse le Sultan Abdülhamid II et, dans sa volonté de rendre à l'Empire sa gloire passée, ainsi que ses territoires perdus au profit des Français et des Britanniques, tourne alors son regard vers l'Allemagne du Kaiser Guillaume II...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour, toujours intéressant à lire ce blog.
Pour ce qui est des causes de la guerre de 14 les bouquins d'histoire français (du moins les manuels scolaires) la réduisent toujours à la question d'Alsace Lorraine, alors que en réalité le vrai problème était la volonté de diverses puissances de se tailler un empire colonial, envieuses qu'elles étaient de l'Angleterre qui s'en était taillé un fort beau sur le dos de la France (Indes et Canada).

Qui dit impérialisme colonial dit marine de commerce et de guerre, "sea power"...etc et la dérouillée subie par la Russie à Tsou Shima montre ce qui arrive quand on calcule mal son coup (ilne suffit pas d'acheter ine marine de guerre sur étagère, il faut aussi une doctrine d'emploi, des chefs , des écoles, de l'entraînement , de la maintenance, des infrastructures, une tradition navale).

Pour ce qui est de l'Empire Ottoman, qui a pourtant de nombreux débouchés maritimes (mais pas d'accès évidents aux grands océans) à partir du XVIII° siècle, çà part en diguedouille...négligence, corruption , stagnation technique....qui devient critique avec l'apparition des navires de guerre à vapeur au XIX° siècle.

Contrairement aux Japonais qui ont relevé ce défi là en faisant de gros sacrifices pour ne pas devenir des colonisés, les Ottomans ont tout laissé filer, à part quelques sursauts ponctuels.

Il y a un universitaire français qui a pondu un gros pavé très documenté mais cependant divertissant intitulé L'Islam et la mer, la mosquée et le matelot qui décrit fort bien cette déchéance de la marine Ottomane...(qui connaîtra cependant un sursaut avec l'arrivée des Jeunes Turcs et surtout l'aide allemande,Cf le cafouillage de l'Amiral Troubridge qui laisse passer le cuirassé Goeben vers Istanbul avec de graves conséquences pour les Russes en Mer noire) .
Churchill et son compère l'amiral Fisher avaient aussi copieusement fâché les turcs en refusant de livrer les deux cuirassés destinés aux Ottomans et en les incorporant dans la Navy....