vendredi 24 juin 2016

4868 - l'immoralité des choses

Femmes et fillettes juives à Gostynin, après l'invasion allemande
… mais lorsqu'il leur arrive de s'objecter contre les exactions des Einsatzgruppen, les hauts responsables de la Werhmacht le font rarement pour des raisons morales :  ce qui les choque, à l’instar de Canaris lui-même, c'est plutôt la perspective que "le Monde finisse par tenir la Wehrmacht responsable d'avoir laissé ces atrocités se produire" (1) ou, comme le résumera plus prosaïquement Adolf Strauss, commandant de la 4ème Armée en Pologne, que les ordres de "laisser-faire" ne se traduisent en pratique par une perte des prérogatives de l'Armée au profit de la SS

Heydrich, évidemment, n’en a cure : ce qui lui pose problème, c'est le caractère encore fort "désordonné" des dites exactions et, surtout, le fait qu'elles s'accompagnent trop souvent de scènes de destructions, de vols et de pillages opérés contre l'intérêt du Reich !

"Dans son esprit, le vol, contrairement à l'exécution des ennemis politiques, constituait un crime commis pour de basses raisons. De plus, et considérant le fait que les biens des Juifs expulsés étaient confisqués, ces biens n'appartenaient plus aux Juifs mais bien au peuple allemand. En d'autres termes, ceux de ses hommes qui étaient surpris à voler volaient en réalité leur propre peuple et cela ne pouvait être toléré en aucune circonstance" (2)

Il faut dire qu’en Pologne, Heydrich et ses hommes sont confrontés à des difficultés sans commune mesure avec celles qu’ils avaient réussi à surmonter en Allemagne, en Autriche et en Tchécoslovaquie…

(1) Gerwarth, op. cit. page 145
(2) ibid, page 144

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