vendredi 5 février 2016

4728 - la bombe à retardement

Himmler, dans les années 20'
... "où finirai-je", écrit-il dans son journal, "en Espagne, en Turquie, dans la Baltique, en Russie, au Pérou ? J'y pense souvent. Dans deux ans, si Dieu le veut, je ne serai plus en Allemagne, sauf" - s'empresse-t-il d'ajouter - "s'il y a des combats et que je me retrouve soldat". (1)

A l'évidence, la frustration d'Himmler d'avoir raté une belle carrière d'officier est intacte - il tente d'ailleurs, mais sans succès, d'intégrer la Réserve de la Reichswehr - tout comme l'est celle de ne pouvoir dépasser le stade des relations platoniques avec aucune femme de sa connaissance : "où finirai-je, quelle femme voudrai-je aimer et voudra m'aimer ?"

En visite chez des amis, il se fait ainsi ridiculiser par la maîtresse de maison "Elle s'est particulièrement moquée de moi et m'a traité d'eunuque quand je lui ai avoué  que je n'avais jamais bavardé avec des filles et ainsi de suite" (2), écrit-il dans son journal.

A mesure que les mois passent, ces frustrations se reflètent inévitablement dans son caractère et le rendent de plus en plus dépressif, le transformant, comme diraient les psychiatres modernes, en véritable "bombe à retardement"


Ici, il critique "le manque d'intérêt et de maturité de cette génération d'étudiants d'après-guerre" qui, contrairement à lui, n'ont jamais été appelés sous les drapeaux; là, il s'oppose à cette "vanité des femmes de vouloir régenter des domaines où les femmes n'ont aucune habilité"

"Je suis quelqu'un si faible de caractère que je ne tiens même plus mon journal", finit-il par écrire (3)

(1) Longerich, op cit, page 53
(2) ibid, page 55
(3) ibid page 56

Aucun commentaire: