3980 - l'art de créer puis d'aggraver les problèmes

... loin de correspondre à une "intention" clairement exprimée dès les débuts du nazisme, l'extermination des Juifs va donc s'avérer la conséquence inéluctable des guerres d'agression ultérieures, lesquelles, en livrant au Reich tous les Juifs des pays vaincus, rendront rapidement vaine toute idée de nouvelle émigration forcée,... et feront ainsi de la Shoah la seule "solution" encore envisageable à un "problème juif" que les Nazis, après l'avoir créé, ne cesseront eux-mêmes d"aggraver par leurs politiques !

Mais cette logique vaut aussi pour la transformation de ce même Reich en authentique État policier, une transformation qui, là encore, va bien davantage devoir à l'improvisation et à la surenchère qu'à un quelconque "plan" mûrement réfléchi.

De par son idéologie exaltant l'ordre et l'usage de la violence, le nazisme porte certes en son sein les graines de l'État-gestapiste qu'il finira bel et bien par devenir, mais au moins jusqu'en 1936-1937, les Conservateurs comme Franz von Papen, ceux que l'on peut qualifier de "Nazis modérés" comme Albert Speer (1), mais aussi l'immense majorité des citoyens allemands, tous ceux-là demeurent fermement convaincus d'un retour à la normale, c-à-d à un État de Droit - fut-il autoritaire - aussitôt les derniers "ennemis" - communistes, Juifs, "déviants" sexuels ou moraux - définitivement chassés d'Allemagne.

Bien que nazi convaincu, et compagnon de route d'Adolf Hitler depuis 1919, un éminent avocat et juriste bavarois milite également pour ce retour.

Il a 59 ans et, depuis le 30 janvier 1933, il est le Ministre de l'Intérieur du Reich

Il s'appelle Wilhelm Frick

(1) architecte et futur Ministre de l'Armement du Reich, Albert Speer avait adhéré au NSDAP en mars 1931