Mais si les Britanniques, Dudley Pound en tête, vivent dans la terreur d'un Tirpitz qu'ils voient désormais fondre sur eux comme tous les cavaliers de l'Apocalypse, le dit Tirpitz, par une de ces formidables ironies dont seule l'Histoire a le secret, le Tirpitz, lui, n'a toujours pas quitté l'Altenfjord !
Et d'ailleurs, comment le pourrait-il puisque les Allemands, eux, vivent dans la terreur de l'exposer aux coups des Britanniques ?
Tournant en ronds sur la passerelle du monstre, Schniewind continue en effet de ronger son frein dans l'attente des ordres de Carls qui, à 17h00, a de son côté adressé un véritable ultimatum à Raeder : si Rösselsprung n'est pas lancée dans les prochaines 24 heures, il sera alors trop tard et il n'aura d'autre choix, affirme-t-il, que d'annuler toute l'opération et de ramener le Tirpitz à Trondheim.
Mais la réponse du grand-amiral, qui lui est parvenue vers 20h30, n'a apporté aucun élément nouveau, car si Raeder a approuvé le point de vue de son subordonné, il n'a hélas pas pu lui donner l'autorisation de passer à l'action faute, une fois de plus, d'informations véritablement satisfaisantes sur la position et les intentions du ou des porte-avions britanniques !
Et c'est dans un humour sans doute involontaire que l'État-major naval va d'ailleurs conclure la journée, en soulignant qu'il "peut seulement espérer que les heures d'obscurité et les premières heures de la matinée du lendemain clarifieront la situation" (1)
(1) Irving, op. cit, page 115
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