... face à un cuirassé bien mieux armé que les quatre modestes croiseurs d'Hamilton, et infiniment plus rapide que la trentaine de cargos du PQ-17, la solution la meilleure, ou du moins la plus évidente, était sans doute de rappeler de toute urgence les premiers, et de disperser tout aussi immédiatement les seconds, et ce afin qu'ils puissent quant à eux tenter individuellement leur chance vers Arkhangelsk : après tout, et aussi formidable prédateur fut-il, le Tirpitz ne pouvait quand même pas courir trente lièvres - ou plutôt trente tortues - en même temps !
Mais si la décision de Dudley Pound, prise peu après 21h00, obéissait donc à une incontestable logique, elle n'en avait pas moins été prise dans la précipitation, sous le coup de l'émotion, et aussi contre l'avis de la plupart de ses subordonnés qui, mais en vain, avait fait remarquer au Premier Lord de la Mer que rien, après tout, ne prouvait que le Tirpitz avait déjà appareillé, et surtout qu'en agissant de la sorte, on exposait bien davantage les cargos aux coups des avions et des sous-marins allemands,... et ce que le Tirpitz se présente finalement ou non.
Rien n'y avait fait : en temps de guerre, c'était évidemment le privilège du chef de prendre les décisions - bonnes ou mauvaises - sans être contesté et personne, au sein de cette Royal Navy aux traditions ancestrales, ne s'était d'ailleurs véritablement objecté à celle de Pound qui, pourtant, venait de condamner plus d'une vingtaine de navires à connaître une fin aussi tragique que brutale, dans les eaux glaciales de l'Arctique...
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