jeudi 17 mai 2012

3359 - ... mais un échec stratégique

... indispensable sur le plan tactique, c-à-d au-dessus du champ de bataille, l'Aviation de bombardement fut en revanche largement inefficace au niveau stratégique, autrement dit loin derrière les lignes ennemies.

N'en déplaise aux descendants de Giulio Douhet, et faute de pouvoir recourir à l'arme atomique, il ne pouvait d'ailleurs en être autrement.

Dans le ciel allemand, donc face à un pays aussi urbanisé que fortement industrialisé, les bombardiers britanniques et américains avaient déjà démontré leur impuissance à briser autant la production de guerre que la détermination de l'adversaire à poursuivre la lutte.

Il fallait donc être bien naïf pour imaginer que l'on pourrait faire mieux face à un pays aussi pauvre et primitif que la Corée du Nord, un pays par ailleurs montagneux et où l'on ne trouvait pour ainsi dire aucun objectif valant ne serait-ce que le prix d'une bombe.

Une fois les rares usines, ponts et noeuds ferroviaires nord-coréens détruits, et faute de pouvoir en faire de même en sol chinois, la poursuite des bombardements ne relevait donc plus que de l'intimidation, c-à-d d'une logique bien plus psychologique que militaire, et aux résultats d'autant plus incertains qu'elle concernait un pays plus dictatorial encore que le défunt Troisième Reich.

Pour ne rien arranger, les dits bombardements devaient encore s'effectuer au moyen de Boeing B-29, qui avaient certes fait leurs preuves dans le Pacifique mais avouaient désormais leur âge, et leur grande vulnérabilité, face aux nouveaux Mig soviétiques à réaction, ce qui allait contraindre l'État-major à limiter le nombre de leurs sorties, puis à ne plus les faire opérer que de nuit.

Rien d'étonnant dès lors à ce que les résultats concrets se soient finalement révélés fort maigres et surtout hors de proportion avec leur coût financier et humain.

Un constat amer mais implacable, et un constat qui, pourtant, n'allait nullement décourager les tenants du bombardement stratégique, lesquels, quinze ans plus tard, penseraient encore pouvoir faire mieux, et cette fois emporter la décision, au-dessus du Nord-Vietnam...

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