samedi 12 mai 2012

3354 - les malgré nous

... mais cette Guerre de Corée aurait néanmoins été fort différente, et assurément plus brève, si les Sud-Coréens, qui étaient tout de même les premiers intéressés à l'affaire, avaient réussi à assumer leur juste part du fardeau militaire.

Hélas, s'ils furent constamment les plus nombreux parmi les forces onusiennes, les malheureux soldats de la ROK ne furent nullement à la hauteur de la tâche et auraient assurément perdu la partie, et leur pays, sans l'aide de leurs alliés occidentaux.

Au début, on pouvait certes blâmer le manque de formation et de matériel. Mais même lorsqu'elle fut entièrement équipée et entraînée par les Américains, et aux frais de ces derniers, la ROK, à l'instar de l'armée italienne lors de la 2ème G.M., demeura un constant sujet de railleries.

A d'innombrables reprises, des bataillons entiers se débandèrent et s'évanouirent dans la nature en abandonnant armes et matériels dès les premiers coups de clairon annonçant une future attaque chinoise, et lorsqu'il leur arrivait de partir elles-mêmes à l'offensive, les unités de la ROK ne tardaient jamais à réclamer de leurs alliés le soutien aérien et terrestre sans lequel elles s'avéraient incapables de conserver leurs positions.

C'étaient pourtant les mêmes paysans, sous-payés, le plus souvent analphabètes et enrôlés contre leur gré, qu'on retrouvait, avec pourtant de tout autres résultats, au sein de l'InMin Gun nord-coréenne. Mais si le régime de Syngman Rhee ne le cédait en rien  à celui de Kim Il-Sung au chapitre de la dictature, il s'avérait manifestement bien moins capable de mobiliser ses ouailles et de les inciter à risquer leur vie pour la cause.

En Corée du Sud, comme plus tard au Sud-Vietnam, échapper à l'enrôlement, et donc à la guerre, constituait d'ailleurs une forme de sport national, dans lequel les riches excellaient tout particulièrement. Et lorsque ceux-là se retrouvaient malgré tout sous les drapeaux, comme officiers, la plupart d'entre eux demeuraient toujours, selon la propre opinion de leurs alliés américains, "des opportunistes vénaux" chez qui "le vol, la corruption, le chantage et les pots-de-vin étaient monnaie courante"

Il existait, bien sûr, de notables exceptions, comme le général Paik Sung-Yup, et aussi quelques formations d'élite qui ne le cédaient à personne sur le terrain mais, globalement, et à effectifs égaux, les unités sud-coréennes demeurèrent toujours à la traîne de leurs alliés et, a fortiori, de leurs adversaires...

Aucun commentaire: