dimanche 29 avril 2012

3341 - retrouver le beau rôle

... si MacArthur s'était fort légitimement empressé de revendiquer toute la responsabilité du Débarquement à Inchon, il refusa en revanche d'endosser celle de la catastrophique retraite depuis le Yalu, opérée dans les pires conditions imaginables et qui, non content de coûter la vie à des milliers de soldats américains et alliés, ramena les survivants bien en-deçà du 38ème Parallèle, forçant une fois de plus la Maison Blanche et le Pentagone à vivre avec la hantise d'un nouveau Dunkerque.

Même s'il ne se reconnaissait aucune responsabilité en cette tragique affaire, MacArthur avait compris que ce désastre signifiait la fin de son grand rêve de terrasser l'hydre communiste et de réinstaller Chiang Kaï-Shek à Pékin, mais surtout que le dit désastre risquait de mettre à bas le monument qu'il bâtissait depuis des années à sa propre gloire.

S'il voulait sauver ce qui pouvait encore l'être et lui importait le plus, à savoir sa postérité, le grand homme n'avait plus d'autre choix que de reporter la faute et les accusations sur ses subordonnés, à commencer par Walton Walker, auquel un fatal accident de la route évita du moins un ignominieux congédiement.

Il lui fallait également minimiser les succès remportés par la suite, et sans l'usage d'armes atomiques, par le successeur de Walker, à savoir Matthew Ridgway.

Mais, et par dessus tout, il lui fallait mener une attaque à fond de train sur le Pouvoir politique, c-à-d sur l'administration Démocrate et ce détestable Président Truman qui, à l'en croire, n'avaient jamais cessé de lui mettre des bâtons dans les roues.

Ce faisant, le général savait aussi qu'il mettait sa propre tête sur le billot et que le couperet, un jour ou l'autre, finirait bien par tomber sous la forme de son propre congédiement, lequel lui donnerait cependant le beau rôle, celui de la victime, et surtout le plein accès à l'opinion publique américaine qui, à défaut d'applaudir sa victoire en Corée applaudirait du moins la chute inévitable d'Harry Truman.

Mais dans cette analyse-là également, le grand homme était dans l'erreur...

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