jeudi 13 octobre 2011

3142 - "Entrer en guerre peut nous rapporter gros, y renoncer pourrait nous coûter cher"

... pour Mao, la décision de Staline de n'engager son Aviation que pour défendre les frontières chinoises, c-à-d au-dessus d'un étroit corridor de part et d'autre du Yalu, pour Mao, cette décision est naturellement perçue comme une trahison.

Pour les généraux chinois, et à commencer par le premier d'entre eux, Peng Dehuai, c'est surtout une catastrophe puisque cela implique que leurs troupes ne bénéficieront d'aucun soutien aérien en dehors du dit corridor !

Lors de la réunion du 2 octobre, Mao et le politburo s'étaient entendus pour traverser le Yalu à partir du 15 octobre, mais le revirement russe signifie que les troupes devront composer avec un taux de pertes très supérieur à ce qui avait été prévu à l'origine, ce pourquoi, trois jours avant la date fixée, le Grand Timonier décide de reporter cette traversée de quelques jours, histoire de se donner lui-même le temps de la réflexion.

Mais que faut-il faire ? Après avoir appris la nouvelle de la défection soviétique, les généraux chinois se prononcent en tout cas, et unanimement pour un report de l'offensive, au moins jusqu'au printemps suivant,... soit bien après que le régime de Pyongyang aura lui-même, et selon toute vraisemblance, cessé d'exister !

Au bout du compte, Mao décide pourtant de ne rien changer à son plan d'origine : "Nous croyons (...) que nous devons [malgré tout] entrer en guerre", explique-t-il à Zhou Enlai. "Entrer en guerre peut nous rapporter gros, alors qu'y renoncer pourrait nous coûter cher" (1)

Dans la nuit du 19 au 20 octobre, donc avec seulement quatre jours de retard, les premiers soldats de l'Armée populaire de Libération franchissent donc, de nuit, le fleuve Yalu.

Des dizaines, puis des centaines, de milliers d'autres vont bientôt les imiter...

(1) ibid, page 361

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