vendredi 2 septembre 2011

3101 - stand and die

... dans les guerres, on peut parfois mourir pour une capitale prestigieuse, un pont stratégique, ou un fort aussi impressionnant que destiné à passer à la postérité.

Mais on peut aussi, souvent, mourir pour une minuscule casemate solitaire, une colline que rien ne distingue de milliers d'autres en tout point semblables, ou encore un village miséreux et perdu, dont personne jusque-là n'avait jamais entendu parler.

C'est particulièrement vrai en Corée, et encore plus à Yongsan : "deux rues, l'une d'est en ouest et l'autre du nord au sud, se croisant l'une l'autre. Rien de plus que cela (...) Que l'on se soit battu aussi longtemps pour quelque chose qui existait à peine stupéfiait les Américains et ne faisait que renforcer la folie toute particulière de cette guerre" (1)

De fait, pendant près de deux semaines, des milliers de soldats des deux camps vont lutter, et mourir, pour ce qui n'est rien de plus pour eux qu'un point sur une carte, mais un point qui, pour leur État-major, commande la route menant à Miryang et, au-delà, à Pusan, enjeu final de toute cette guerre que personne ne veut reconnaître comme telle.

Pour Truman, pour MacArthur, pour Walker, et même pour les officiers subalternes qui, sur le terrain, s'efforcent de rassembler les soldats en débandade afin de les renvoyer au combat, pour ceux-là, donc, "stand and die" a assurément un intérêt militaire.

Mais convaincre les G.I's anonymes de l'absolue nécessité de se battre, et peut-être de mourir, pour une si pitoyable cause, est une toute autre affaire, que même Walker, qui ne cesse pourtant de les survoler - et de les invectiver ! - depuis son petit avion de liaison, à quelques dizaines de mètres de hauteur, a bien du mal à réussir...

(1) ibid, page 270

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