samedi 28 mai 2011

3004 - le divorce

... Saïgon, août 1941

Rapidement réglé par les diplomates des deux camps - et par une confortable indemnité versée aux victimes par le gouvernement japonais - l'incident du Panay a néanmoins tendu encore un peu plus les relations americano-japonaises... mais aussi démontré que dans cette partie du monde qu'elle considère comme sa chasse gardée, Tokyo n'entend certes pas se laisser dicter sa conduite par Washington.

A Washington, où le neutralisme est encore - et de loin - le sentiment dominant, personne n'est d'ailleurs prêt à se lancer dans une nouvelle guerre, ce qui n'exclut pourtant pas de hausser le ton.

En juillet 1939, le gouvernement Roosevelt va ainsi dénoncer le traité commercial de 1911 avec le Japon, puis soumettre l'archipel nippon à un premier embargo pétrolier (1) après que ce dernier, profitant de l'effondrement de la France, se soit emparé du Tonkin, en septembre 1940.

Hélas, loin de calmer le jeu, les menaces ne font qu'exacerber l'agressivité des Japonais qui, en juillet 1941, occupent toute l'Indochine et, début août, font leur entrée à Saïgon.

Cette fois, le divorce est prononcé : le 26 juillet, l'intégralité des avoirs nippons aux États-Unis est gelé, et un embargo total sur le pétrole, décrété. Les Britanniques et les Hollandais - dont le gouvernement est réfugié à Londres depuis l'été 1940 - emboîtent immédiatement le pas aux États-Unis, privant ainsi le Japon de plus de 80% de son pétrole.

Le retour à l'approvisionnement normal étant subordonné à l'évacuation de l'Indochine, donc à l'aveu d'une défaite inacceptable pour les militaires japonais, la voie de Pearl Harbour, et de la Guerre du Pacifique, est à présent grande ouverte.

Pendant quatre ans, elle va néanmoins épargner une Corée où la résistance à l'occupant nippon est désormais solidement implantée...

(1) essentiellement sur l'essence à haut indice d'octane, pour l'Aviation
(2) les États-Unis sont alors le premier producteur et exportateur mondial de pétrole

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