jeudi 21 octobre 2010

2785 - prier Dieu et tous ses saints


… dès les premiers assauts aéroportés, les États-majors s’étaient rendus compte que la réussite de ceux-ci dépendaient de trois facteurs essentiels : la distance séparant le point de largage de l’objectif à atteindre, la concentration des effectifs, et la durée de leur présence au sol.

Plus les paras étaient largués loin de l’objectif, et plus ils couraient de risques d’être repérés et attaqués bien avant d’atteindre celui-ci (sans parler bien sûr du fait d’y arriver déjà épuisés par une longue marche !) ; plus ils se retrouvaient dispersés sur une grande surface de terrain, et plus ils se révélaient vulnérables aux contre-attaques (et moins en mesure d'accomplir leur mission) ; plus ils demeuraient longtemps en territoire hostile et plus ils laissaient à l'ennemi le loisir de réunir les troupes et les moyens qui permettraient de les anéantir jusqu'au dernier.

Comme on ne pouvait garantir ni la durée ni même la concentration et la précision, on en vint partout à la conclusion qu’il fallait augmenter la puissance de feu, les moyens de communication et la mobilité des paras.

Dans le premier cas, il fallait des mitrailleuses et des canons, dans le second des postes de radio, et dans le troisième des véhicules qui permettraient également de porter ou de tracter tout ce barda nécessairement lourd et encombrant.

Et comme les véhicules étaient eux-mêmes objets lourds et encombrants, il fallait, pour les emporter dans les airs, des planeurs et/ou des avions bien plus gros que les Ju-52 de 1940.

En septembre 1944, les planificateurs de Market Garden disposent ainsi d’environ 2 000 planeurs Waco d’usage général, et, pour les pièces d’équipement les plus lourdes, de 900 Horsa et quelques dizaines d’Hamilcar qui, tous ensemble, devront transporter plus de 250 pièces d’artillerie et près de 1 800 véhicules (très majoritairement des Jeeps)

Encore faut-il acheminer tout ce beau monde sur zone, ce qui pose un premier problème puisqu’en raison de leurs dimensions, Horsa et Hamilcar ne peuvent être tractés que par des quadrimoteurs (généralement d’anciens bombardiers Short Stirling), lesquels sont trois fois moins nombreux que les planeurs qu’ils doivent remorquer

Les bimoteurs C-47 sont quant à eux en mesure de se charger des plus légers Waco, mais, deuxième problème, ils ne sont qu’environ 1 400 et ne peuvent de surcroît transporter des parachutistes et remorquer des planeurs en même temps.

L’un dans l’autre, on a donc dû procéder à des choix, souvent discutables, entre le nombre d’hommes et le volume de matériel à déposer sur le terrain, et, surtout, se résigner à procéder en trois vagues ce qui, considérant l’heure à laquelle débutera l’opération - le début d’après-midi - signifie qu’on ne pourra, le premier jour, déposer qu’une seule vague au sol… et qu’il faudra ensuite prier Dieu et tous ses saints pour que la météo permette, les jours suivants, d’acheminer le reste, ce qui, à la mi-septembre et pour le Nord de l’Europe, réclame tout de même une grande piété et pas mal de bougies…

1 commentaire:

NDog a dit...

La remorque de la Jeep sur la troisième photo est des plus "folklorique".
Bravo pour le blog et bonne continuation ...