… quelle que soit l’approche qu’on utilise pour étudier Market Garden, on peine toujours autant à comprendre pourquoi Montgomery, mais aussi Eisenhower, Churchill et tant d’autres hauts dirigeants alliés, ont pu donner leur aval à un offensive à ce point bâclée dans son étude et sa préparation.
Au-delà de la volonté de rendre à l’Angleterre le rôle qui lui revient, et de satisfaire l’ego surdimensionné de Montgomery, l’un et l’autre passablement malmenés par les événements militaires récents, on peut admettre qu'il importe de faire vite si l’on veut profiter des extraordinaires opportunités offertes par la retraite des troupes allemandes.
Mais il ne faut pas confondre vitesse et précipitation : des premières réflexions sur Market Garden à la décision finale d’aller de l’avant (10 septembre 1944), il ne s’est guère écoulé plus d’une dizaine de jours, et il ne s’en écoulera que sept de plus avant que ne soit lancée une offensive dont tout le monde reconnaît pourtant la complexité mais aussi l’importance puisqu’elle doit, selon ses promoteurs, permettre de terminer la guerre pour la Noël de 1944.
Pour parvenir à condenser en moins de trois semaines une préparation qui, en temps ordinaire, aurait pris plusieurs mois, il a évidemment fallu élaguer partout, et notamment dans les études de faisabilité : Montgomery et son État-major se croient-ils encore dans les sables nord-africains, ou la rocaille sicilienne, eux qui veulent faire passer cinquante mille hommes et des milliers de véhicules sur une centaine de kilomètres et en moins de quatre jours, le tout en territoire ennemi et sur des routes à seulement deux voies ?
Dans le désert, ou en Sicile, fantassins et blindés pouvaient encore progresser sur un large Front, et s’écarter – parfois largement – du tracé prévu. Mais en Hollande, sortir de la route signifie bien souvent se noyer dans un canal ou s’embourber dans des fossés de drainage ou des polders inondés !
A l’instar du paysage où elle serpente, la route hollandaise est certes désespérément plate, mais étant construite en moyenne à un mètre au-dessus du sol, et souvent bordée d’arbres ou de terrains boisés, elle offre également d’innombrables opportunités de guet-apens pour les tireurs embusqués et les canons antichars,… et fort peu de possibilités de dégagement aux véhicules ainsi pris pour cibles...
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