vendredi 1 octobre 2010

2765 - the winner takes it all

… plus encore que la Guerre du Pacifique, la Bataille des Philippines fut une affaire américaine, dans laquelle les Etats-Unis ne laissèrent aucun de leurs alliés s’immiscer.

Ce fut aussi, et dans une très large mesure, la guerre d’un seul homme, Douglas Macarthur, qui la décida, l’organisa et la dirigea plus que tout autre général américain engagé dans le conflit.

Homme à poigne, charismatique à l’excès, et bon tacticien au demeurant, MacArthur avait tous les défauts de ses qualités, à commencer bien sûr par un égo démesuré, assorti de la certitude que l’armée américaine, l’industrie de guerre américaine, et bien entendu les soldats américains, n’étaient finalement là que pour l’aider à réaliser ses desseins et ce qu’il pensait être l’intérêt de l’Amérique.

Déjà manifeste avant la reconquête de Manille, cette tendance à considérer les Philippines comme son jardin privé, et la Bataille des Philippines comme sa guerre privée, cette tendance ne fit que s’accroître après celle-ci, au point de l’inciter à se lancer ensuite – avec 200 000 soldats américains derrière lui – dans une interminable suite d’échauffourées qu’il était sûr de remporter mais qui, militairement parlant, étaient le plus souvent dénuées d’intérêt en plus de coûter fort cher à ses compatriotes et, surtout, aux civils philippins.

Mais comme on pardonne toujours au vainqueur, les uns et les autres ne devaient pas lui en tenir rigueur.

Après la victoire, les premiers n’hésitèrent pas à le bombarder Commandant suprême de toutes les forces d’Occupation au Japon, ce qui, de facto, en faisait l’égal et même le supérieur de l’Empereur, lequel en vérité parut minuscule et insignifiant lorsqu'il commit l'erreur de se laisser photographier à ses côtés.

Et quand éclata la Guerre de Corée, c’est encore vers MacArthur que l’Amérique se tourna comme vers le Sauveur même si, cette fois – mais c’est une autre histoire - l’aventure se termina beaucoup moins bien pour le flamboyant général...

Les Philippins feraient mieux, qui, malgré les épouvantables destructions sur leur propre sol, et les énormes pertes humaines dans leurs rangs, le déifièrent quasiment, lui élevant quantités de statues et de monuments d’un bout à l’autre de l’archipel, manière de le remercier d’avoir respecté sa promesse de revenir aux Philippines, en vainqueur, après avoir été contraint de les quitter, vaincu, en mars 1942…

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