jeudi 30 septembre 2010

2764 - "la séance est levée"

Baie de Tokyo, 2 septembre 1945

Si la Bataille du Pacifique fut d’abord et avant tout une bataille de marins, et de fusiliers-marins, c’est pourtant un fantassin, Douglas MacArthur, qui va en célébrer la fin, une fin qu’il a lui-même orchestrée dans les moindres détails.

Et c’est également lui qui, depuis trois jours, a été nommé Supreme Commander of the Allied Powers (SCAP), chargé de diriger l’Occupation du territoire japonais et d’en réformer les institutions. Une tâche à laquelle qu’il va, là encore, s’atteler avec une ardeur infatigable, allant jusqu’à ordonner à la police militaire d’arrêter tout soldat américain simplement surpris à offrir des cigarettes à un Japonais…

Comme pour se faire pardonner de prendre toute la place, MacArthur, revenu de Manille quelques jours auparavant, a néanmoins pris soin d’offrir cadeaux et places d’honneur à ceux qui furent ses camarades de combat mais aussi ses rivaux, à commencer bien sûr par l’Amiral Chester Nimitz qui, en plus de se retrouver cosignataire de l’acte officiel de la Capitulation, a eu la satisfaction de voir celle-ci organisée non point à terre mais sur un bâtiment de la Navy, en l’occurrence le cuirassé Missouri.

En plus de Nimitz, MacArthur a également inclus un représentant de chacun des pays alliés impliqué dans le conflit, ce qui peut se comprendre dans le cas des Britanniques, des Australiens, des Néo-Zélandais ou des Hollandais, mais surprend davantage dans le cas des Français et, plus encore, des Soviétiques, lesquels ne sont entrés en guerre qu’au lendemain d’Hiroshima, et dans le seul but de se tailler une plantureuse part de gâteau à bon compte.

Pour signer les documents, les délégués disposent de six stylos, choisis par MacArthur lui-même, et tous noirs à l’exception d’un seul, que sa femme recevra en cadeau après la cérémonie. Un des cinq autres sera remis – délicate attention - à Jonathan Wainwright – le vaincu de Corregidor – et un autre à Arthur Percival – le vaincu de Singapour.

Bien que leur présence soit évidemment obligatoire, les délégués japonais, eux, ne constituent que de simples éléments décoratifs, que les marins du Missouri, agglutinés sur toutes les passerelles, photographient sous toutes les coutures.

En tout, la cérémonie ne va durer que trente-trois minutes, trente-trois minutes pour clore une guerre qui aura fait plus de 50 millions de morts.

L’Aviation, qui a également joué un grand rôle dans ce conflit, n’a pas non plus été oubliée : quand MacArthur, grand seigneur jusqu’au bout, déclare sobrement "la séance est levée", des centaines d’appareils – ils seront plus de deux mille au total – commencent à défiler au-dessus du Missouri.

La Seconde guerre mondiale est terminée

2 commentaires:

Dragan a dit...

Encore bravo pour votre blog; depuis des années que je le lis, et je ne m'en lasse pas!



Mc Arthur; un cowboy jusqu'au bout des ongles.

Et c'est maintenant qu'il va se sentir pousser des ailes... Heureusement n'est pas César qui veut

Anonyme a dit...

Moi aussi ça fait des années...
merci !