… le torpillage du croiseur léger Tama, au large du Cap Engano, à 23h00, le 25 octobre 1944, marque la fin officielle de la Bataille de Leyte, même si celle-ci, comme nous l’avons vu, s’est en réalité déroulée en trois jours et en cinq endroits différents, tous assez éloignés de cette île de l'archipel philippin.
Au niveau des chiffres, l’affaire se solde en tout cas par un véritable désastre pour les Japonais, dont le plan Sho-Go-1 n'a finalement abouti qu'à leur faire perdre quatre porte-avions, trois cuirassés, une dizaine de croiseurs, et divers autres bâtiments (soit 45 % du tonnage engagé !) sans contrarier de quelque manière que ce soit le débarquement des troupes américaines !
Si on y ajoute les quelque 10 000 marins tués, ou encore le fait que, sur les quatre cuirassés et les deux "cuirassés porte-avions" survivants, seul le Yamato est réellement en mesure de repartir au combat à bref délai, le bilan s'avère aussi tragique que sans appel.
Les Américains, de leur côté, n’ont perdu qu’un porte-avions d’escorte et trois destroyers, ce qui, vu la taille de leur flotte, ne représente rien mais aurait pu être facilement évité si Halsey, au lieu de se précipiter tête baissée à la poursuite d’Ozawa avec toute sa Troisième Flotte, avait fait preuve d’un minimum de prudence, en laissant devant le Détroit de San-Bernardino des forces suffisantes pour prévenir un éventuel retour de Kurita.
En revanche, si l'intéressé a échoué dans sa tentative d'anéantir l'ensemble de la flotte japonaise, il n'en a pas moins assuré l'essentiel : la pénurie de carburant, que la Chute des Philippines va bientôt provoquer, condamne en effet les navires survivants à rouiller au port ou, comme le Yamato, à se suicider dans des actions aussi héroïques que militairement inefficaces (1)
Seules les plus petites unités, et en particulier les destroyers du fameux Tokyo Express, conserveront une certaine utilité, en continuant, jusqu'à la fin, à ravitailler les garnisons assiégées, y compris aux Philippines.
En plus de consommer les ultimes gouttes de mazout disponibles, ces missions vont néanmoins s'avérer extraordinairement coûteuses en matériel et en vies humaines : en Baie d'Ormoc, de novembre à décembre 1944, la Marine impériale perdra ainsi six destroyers et une vingtaine de cargos.
Mais si les marins ont lamentablement échoué, les aviateurs japonais, eux, s'apprêtent à écrire une nouvelle page de l'Histoire...
(1) Saviez-vous que... 700-701
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