… en fin de matinée, la Task Force 34 n’est plus qu’à quelques dizaines de kilomètres des Ise et Hyuga, ces étranges "cuirassés porte-avions"… sans plus aucun avion à leur bord.
Si le sort des "vrais" porte-avions d’Ozawa, matraqués par l’aéronavale américaine, est désormais scellé, les hybrides, qui ont conservé l’essentiel de leur armement, et en particulier quatre de leurs six tourelles, demeurent menaçants et par ailleurs étonnamment résistants aux bombes d’avions, ce pourquoi Halsey, décidément très "grand siècle", a décidé de les finir au canon, comme au temps de Nelson, et d’offrir ainsi à la Navy le Trafalgar dont elle rêve depuis la première bataille de cuirassés, à Hampton Roads, en 1862 (1)
Seulement voilà : il y a Kinkaid, et surtout Nimitz, qui ne cessent de demander où se trouve cette fameuse "Task Force 34" qu’ils croyaient pourtant en faction devant le Détroit de San-Bernardino
Alors, à 11h15, Halsey ordonne à celle-ci de virer de 180 degrés, et d’abandonner la poursuite des navires d’Ozawa au profit de ceux de Kurita qui, à plusieurs centaines de kilomètres de là, sont déjà en pleine retraite !
C'est ce qui s'appelle troquer la proie pour l'ombre : donnés pour 33 nœuds, les Iowa et New Jersey sont certes les cuirassés les plus rapides jamais construits, mais ils doivent composer avec les plus anciens Alabama, Massachusetts, South Dakota et Washington, qui valent 4 ou 5 nœuds de moins, et surtout avec les indispensables destroyers d’escorte qui, en authentiques lévriers des mers, peuvent courir très vite mais pas longtemps et qui, à cette allure, siphonnent leurs réservoirs à une cadence vertigineuse.
On peut certes utiliser les pétroliers de la Troisième Flotte, ou les cuirassés eux-mêmes, pour ravitailler ces perpétuels assoiffés en route, mais comme pareille opération ne peut s’opérer qu’à vitesse réduite, la Task Force 34 va ainsi perdre près de trois heures,… bien évidemment mises à profit par Kurita.
A 16h20, en désespoir de cause, Halsey décide alors de scinder la Task Force 34 en deux, et de lancer les seuls Iowa et New Jersey, accompagnés des croiseurs et destroyers les plus rapides, dans une ultime tentative qui ne se referme hélas que sur le vide, ou plus exactement sur le seul et malheureux destroyer Nowaki, traînard de Kurita, qui est expédié en quelques obus.
C’est fini : au grand désespoir des marins des deux camps, mais aussi de leurs supporters qui, aujourd’hui encore, se renvoient leurs chiffres de performances respectifs, jamais les Iowa américains n’affronteront les Yamato japonais en combat singulier...
(1) Saviez-vous que... - 607-608
1 commentaire:
Je viens de finir de lire votre blog du début à la fin (ca m'a pris un bon moment) et mon premier sentiment s'exprime par ce simple mot : merci ! Voilà un blog de qualité !
Une petite analyse : au fur et à mesure du temps, les redites et les répétitions d'un article à l'autre se font rares par rapport au début, et le contenu original est de plus en plus précis et orienté sur un point particulier de l'Histoire même si bien sûr on garde la trame chronologique par "épisode" (dommage d'ailleurs que chaque "épisode" ne puisse être mieux balisé, mais ca ne concerne que la mise en page du blog et vous n'y pouvez pas grand-chose je pense).
Bien entendu, je vais continuer de suivre votre blog, mais je n'aurais plus qu'un épisode par jour ... Bon courage et encore merci !
Publier un commentaire