… l’erreur à ne pas commettre, s’agissant du "Sho Ichigo sakusen" de Toyoda, ou des "Kamikaze Tokobetsu Kogekitai” d’Onishi, est de ne les analyser que selon leur probabilité de succès ou d’échec.
Toyoda, Onishi,... mais aussi leurs homologues allemands, ne sont que des soldats qui s’efforcent simplement de trouver une issue à une situation militaire impossible.
Leur ambition n’est pas de gagner la guerre, mais seulement d’utiliser de la manière la plus efficace possible le peu de moyens dont ils disposent, et ce afin de remporter une victoire qui la prolongerait de quelques semaines ou quelques mois, le temps – qui sait ? – que se produise un miracle,… ou que scientifiques, politiciens ou diplomates découvrent une autre manière de mettre fin au conflit.
Bien sûr, la stratégie de l’un et de l’autre est authentiquement suicidaire.
C’est l'évidence-même dans le cas des avions kamikaze d’Onishi, mais c’est également le cas pour une bonne partie de la flotte japonaise : si Halsey tombe dans le piège tendu par Toyoda, les quatre porte-avions d’Ozawa, qui constituent l’appât, sont en effet condamnés, de même que leurs équipages en entier.
Et, dans le camp japonais, personne, et surtout pas Toyoda, ne doute que Halsey, après s’être rendu compte de sa méprise, ne reporte ensuite toute sa fureur sur les cuirassés de Kurita,… a fortiori si ces derniers, comme le prévoit le plan, ont réussi à profiter de la dite méprise pour massacrer les troupes américaines débarquées à Leyte !
Mais, de toute manière, si le Japon perd les Philippines, il perd aussi, à brève échéance, le pétrole d’Indonésie, ce pétrole pour lequel il est précisément entré en guerre, et sans lequel il ne peut la continuer.
Et à quoi serviraient, dès lors, avions et navires de guerre s’ils se retrouvaient intacts mais cloués au sol ou au port par manque d’essence…
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