mardi 22 septembre 2009

2389 - la meilleure défense n'est pas forcément l'attaque

... Manstein, on le sait, est le champion über alles de la "retraite stratégique" ou, pour être plus exact, de la "frappe en retour", laquelle implique de profiter d’une offensive de l’adversaire pour l’attaquer en son point le plus faible, lorsque son ravitaillement et ses renforts peinent à rejoindre les premières lignes, du fait de l’étirement des voies de communication.

Attaquer en premier, sur un saillant – celui de Koursk – fortement défendu par des soldats soviétiques qui ont eu tout le temps de creuser des tranchées et de créer des champs de mines est donc contraire à ses habitudes. Le feld-maréchal préférerait de loin attendre que les Soviétiques se décident à passer à l’offensive quitte, au besoin, à les attirer dans un piège, en leur faisant miroiter la possibilité d’atteindre le Dniepr, ou même Kiev.

Les Russes, du reste, mais pour de toutes autres raisons, ne sont pas loin de partager cet avis.

En 1941, puis en 1942, l’expérience a en effet démontré que l’Armée rouge, malgré le courage de ses combattants et son mépris des pertes, était incapable de stopper les offensives d’été de la Wehrmacht, et n’avait en vérité d’autre choix que de retraiter sur des centaines de kilomètres en attendant que la venue de l’hiver, et l’étirement des lignes de communications allemandes, lui permettent de passer à la contre-offensive et de regagner le terrain perdu.

Cette fois, pourtant, l’Armée rouge dispose de deux sérieux atouts.

D’abord, et contrairement aux années précédentes, elle n’ignore rien des intentions allemandes, et peut s’y préparer à loisir. Ensuite, elle a elle-même énormément appris de ses erreurs passées. Sur un plan individuel, le combattant russe est et restera toujours inférieur au combattant allemand, mais cela ne veut pas dire que l’écart ne s’est pas réduit depuis 1941, et que les officiers sont toujours aussi incapables de diriger correctement leurs unités blindées, et de coordonner les actions de celles-ci avec l’Aviation.

Dit autrement : l’Armée rouge a énormément progressé alors que la Wehrmacht a, au mieux, stagné. Staline, et son État-major, vont donc faire le pari que leurs troupes désormais plus aguerries, mieux commandées et mieux équipées (notamment en matériel étranger), seront capables de résister à ce qui va devenir la dernière offensive d’été de l’Allemagne nazie…

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