… à l’instar de la Daisy Cutter, le défoliant déversé sur le Vietnam par millions de litres n’est pas une arme en soi mais seulement un outil, certes radical, pour éliminer jungles et forêts dans lesquelles se dissimulent les Viêt-Cong, et où les soldats américains rechignent à s’engager.
Introduit au Vietnam au début des années 1960, le défoliant à la dioxine le plus connu est assurément "l’agent orange" créé par Monsanto, soit un vulgaire herbicide très largement utilisé jusque-là dans l’agriculture, y compris aux États-Unis-mêmes.
A cette époque, la dangerosité du produit, ou plus exactement ses effets à long terme sur la santé humaine, sont largement méconnus et ne préoccupent de toute manière pas grand-monde,... et certainement pas les soldats américains et leurs familles, lesquels y voient plutôt un moyen bien pratique pour sécuriser les abords des bases militaires ou s’éviter les périls d’une végétation où peuvent facilement se cacher les combattants ennemis.
Contrairement à ce que l’on affirme souvent, le recours à l’agent orange ne s'apparente donc pas à celui d'une arme, puisqu’il n’est pas directement, et volontairement, déversé sur des soldats ou des civils, comme pourrait l’être n'importe quel gaz de combat.
Tout le problème est cependant de savoir jusqu'où on peut aller trop loin, c.-à-d. à partir de quand un usage légitime se transforme en ce qu’on appellerait aujourd’hui un "crime écologique".
Au Vietnam, de 1961 à 1971, soit en une dizaine d’années, avions et hélicoptères vont ainsi déverser près de 80 millions de litres de défoliant sur le Vietnam soit, et toujours pour les mordus de statistiques, 8 millions de litres par an, ou encore 22 000 litres par jour (!)
Avec pareilles quantités, évidemment, les répercussions sur la santé des soldats américains et, a fortiori, sur celles des Vietnamiens, ne vont pas tarder à se faire sentir, entraînant un hallucinant cortège de cancers mais aussi de malformations génétiques qui continuent à tuer et à handicaper des décennies après l’arrêt des combats
Catastrophe écologique donc, avec des centaines de milliers d’hectares rendus impropres à toute culture, et catastrophe humanitaire, en raison des souffrances vécues par ceux et celles exposés à pareil poison.
S’agit-il pour autant d’un "crime de guerre" ? La réponse à cette question dépend en fait de la sensibilité et des opinions politiques de chacun même si, de facto, il n’existe à l’époque, et même encore aujourd'hui, aucune "loi de la guerre" prohibant l’usage d’herbicides destinés à la végétation et même si l’on ne peut s’empêcher d’observer qu’au moment-même où l’Aviation déversait du défoliant sans compter, elle prenait également grand soin de ne pas bombarder les digues et barrages Nord-Vietnamiens dont la rupture eut assurément inondé les plaines, interdit les récoltes, et provoqué un désastre écologique et humanitaire de bien plus grande ampleur…
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