… même si elle lui est souvent associée dans l’imaginaire collectif, la "Daisy Cutter" (littéralement "faucheuse de marguerites" mais de son vrai nom BLU-82) n’est pas une arme au napalm.
A l’origine, ce n’était même pas une arme du tout, mais plutôt une sorte d’outil destiné au défrichement
En effet, pour déposer troupes ou matériels, et emporter les blessés en toute sécurité, les hélicoptères, malgré leurs qualités de décollage et d’atterrissage vertical, ont toujours besoin de clairières minimalement dégagées, ce qui n’est pas forcément facile à trouver, ni à créer rapidement, au beau milieu d’une forêt ou d’une jungle épaisse, et a fortiori à proximité de l’ennemi.
La nécessité étant la mère de l’invention, et les Américains très gros utilisateurs d’hélicoptères, les ingénieurs se mirent donc rapidement à l’ouvrage afin de créer une bombe massive (6 à 7 tonnes), parachutable depuis un gros hélicoptère–grue CH-54 (ou, préférablement, un quadrimoteur C-130 "Hercules"), explosant juste au niveau du sol – donc sans générer de cratère – et agissant principalement par effet de surpression, en détruisant tout dans un rayon de 100 à 300 mètres.
Au Vietnam, la Daisy Cutter n’est utilisée que pour le défrichement. Mais en avril 1975, à Xuan-Loc, alors que la République Sud-Vietnamienne vit ses derniers instants, les aviateurs encore fidèles au régime de Saïgon ont l’idée d’utiliser contre les Nord-Vietnamiens quelques Daisy Cutter hâtivement sorties du hangar où elles se morfondent depuis le départ des Américains, deux ans auparavant.
Si l’expérience ne change rien à l’issue d’une guerre depuis longtemps perdue, elle a au moins le mérite de démontrer l’efficacité de cet engin comme arme anti-personnel et, surtout, comme arme psychologique, avec des effets pyrotechniques qui ne sont pas sans évoquer ceux des armes nucléaires tactiques.
Lors de la première "Guerre du Golfe", en 1991, plusieurs Daisy Cutter sont cette fois testées – mais sans succès – comme armes de déminage. Dix ans plus tard, les exemplaires survivants se retrouvent en Afghanistan, non pas pour défricher ou déminer mais clairement pour incinérer du Taliban,… encore qu’il soit raisonnable de penser que, dans ces reliefs montagneux et caillouteux, elles agissent surtout comme armes psychologiques contre les fous d'Allah, si ce n’est comme moyens de rassurer les Américains eux-mêmes sur la Toute-Puissance de leur Nation.
En 2008, la Daisy Cutter est définitivement radiée des inventaires, lorsque le dernier exemplaire est testé sur un polygone de tirs dans l’Utah. Mais le principe lui-même ne disparaît pas pour autant, puisque la GBU-43 “MOAB” (Massive Ordnance Air Blast Bomb) la remplace aussitôt dans les arsenaux… et l’imaginaire collectif.
Plus lourde (une dizaine de tonnes), plus longue (10 mètres), et nettement plus sophistiquée (notamment avec un guidage par GPS), la MOAB devient de facto la bombe la plus puissante au monde à l’exception d’une charge nucléaire (1), ce qui lui vaut très rapidement le surnom de Mother of All Bombs, la Mère de toutes les Bombes,… du moins jusqu’à ce que les Russes, en 2007, et comme ils l’avaient déjà fait en 1961 avec la Tsar Bomba à hydrogène, se mettent dans l’idée de faire mieux avec leur ATBIB revendiquant quatre fois la puissance de la MOAB américaine et gagnant ainsi le titre, pas franchement utile, de Père de toutes les Bombes…
(1) Rappelons que le Davy Crockett des années 1950 affiche un rendement jusqu’à 50 fois plus élevé alors que le projectile lui-même ne pèse qu’une vingtaine de kilos !
A l’origine, ce n’était même pas une arme du tout, mais plutôt une sorte d’outil destiné au défrichement
En effet, pour déposer troupes ou matériels, et emporter les blessés en toute sécurité, les hélicoptères, malgré leurs qualités de décollage et d’atterrissage vertical, ont toujours besoin de clairières minimalement dégagées, ce qui n’est pas forcément facile à trouver, ni à créer rapidement, au beau milieu d’une forêt ou d’une jungle épaisse, et a fortiori à proximité de l’ennemi.
La nécessité étant la mère de l’invention, et les Américains très gros utilisateurs d’hélicoptères, les ingénieurs se mirent donc rapidement à l’ouvrage afin de créer une bombe massive (6 à 7 tonnes), parachutable depuis un gros hélicoptère–grue CH-54 (ou, préférablement, un quadrimoteur C-130 "Hercules"), explosant juste au niveau du sol – donc sans générer de cratère – et agissant principalement par effet de surpression, en détruisant tout dans un rayon de 100 à 300 mètres.
Au Vietnam, la Daisy Cutter n’est utilisée que pour le défrichement. Mais en avril 1975, à Xuan-Loc, alors que la République Sud-Vietnamienne vit ses derniers instants, les aviateurs encore fidèles au régime de Saïgon ont l’idée d’utiliser contre les Nord-Vietnamiens quelques Daisy Cutter hâtivement sorties du hangar où elles se morfondent depuis le départ des Américains, deux ans auparavant.
Si l’expérience ne change rien à l’issue d’une guerre depuis longtemps perdue, elle a au moins le mérite de démontrer l’efficacité de cet engin comme arme anti-personnel et, surtout, comme arme psychologique, avec des effets pyrotechniques qui ne sont pas sans évoquer ceux des armes nucléaires tactiques.
Lors de la première "Guerre du Golfe", en 1991, plusieurs Daisy Cutter sont cette fois testées – mais sans succès – comme armes de déminage. Dix ans plus tard, les exemplaires survivants se retrouvent en Afghanistan, non pas pour défricher ou déminer mais clairement pour incinérer du Taliban,… encore qu’il soit raisonnable de penser que, dans ces reliefs montagneux et caillouteux, elles agissent surtout comme armes psychologiques contre les fous d'Allah, si ce n’est comme moyens de rassurer les Américains eux-mêmes sur la Toute-Puissance de leur Nation.
En 2008, la Daisy Cutter est définitivement radiée des inventaires, lorsque le dernier exemplaire est testé sur un polygone de tirs dans l’Utah. Mais le principe lui-même ne disparaît pas pour autant, puisque la GBU-43 “MOAB” (Massive Ordnance Air Blast Bomb) la remplace aussitôt dans les arsenaux… et l’imaginaire collectif.
Plus lourde (une dizaine de tonnes), plus longue (10 mètres), et nettement plus sophistiquée (notamment avec un guidage par GPS), la MOAB devient de facto la bombe la plus puissante au monde à l’exception d’une charge nucléaire (1), ce qui lui vaut très rapidement le surnom de Mother of All Bombs, la Mère de toutes les Bombes,… du moins jusqu’à ce que les Russes, en 2007, et comme ils l’avaient déjà fait en 1961 avec la Tsar Bomba à hydrogène, se mettent dans l’idée de faire mieux avec leur ATBIB revendiquant quatre fois la puissance de la MOAB américaine et gagnant ainsi le titre, pas franchement utile, de Père de toutes les Bombes…
(1) Rappelons que le Davy Crockett des années 1950 affiche un rendement jusqu’à 50 fois plus élevé alors que le projectile lui-même ne pèse qu’une vingtaine de kilos !
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